La critique dramatique, bien qu'essentielle pour la bonification d'une pièce, est quasi inexistante en Algérie pour diverses raisons, notamment l'absence de critiques professionnels. Conscients de son importance, l'association «Champs culturels et mondialisation» a organisé, mercredi dernier, une journée d'étude sur la critique dramatique. Le premier à prendre la parole sera Hadj Meliani, professeur à l'université de Mostaganem, qui présentera une communication sur la raison d'être de la critique. Il s'attardera sur les origines de la critique et sa nécessité pour l'artiste. Il dira que la critique a évolué au fur et à mesure de l'évolution de l'homme et de l'art, de la critique du jugement à celle de l'explication. Le développement de la presse a joué un rôle bénéfique en permettant la naissance d'un autre genre de critique bien spécifique. «La presse a un impact énorme sur le développement du marché de l'art», affirme M. Meliani. Pour le journaliste et écrivain Bouziane Benachour, «les journalistes ont le mérite de faire exister le théâtre à travers leurs écrits mais ils ne créent pas de courants de critique». Quant à Ahmed Cheniki, professeur à l'université de Annaba, il dira, dans sa communication intitulée «la critique en Algérie, le temps d'une réflexion», que la critique universitaire n'a rien apporté ni au théâtre ni à la littérature et qu'elle n'est utile que pour les universitaires seulement. Concernant la presse, M. Cheniki soulignera sa contribution à l'émergence du théâtre au sein de la société. «La presse a joué un rôle essentiel pour le développement de l'art scénique», dira-t-il. Un jeune intervenant, fraîchement diplômé en critique dramatique, interviendra pour révéler la suppression de cette spécialité au niveau de l'Institut supérieur des métiers et arts de la scène (ISMAS, ex INADC) de Bordj El Kiffane. «Ils ont fait sortir cinq promotions d'un coup pour fermer ce département», lâcha-t-il, en ajoutant : «Il n'y a pas de travail pour les critiques, car il n'y a pas de presse spécialisée.» Tout le monde s'accorde avec cette sentence. Dans leurs interventions, certains affirmeront qu'il ne servait à rien de faire le point sur la critique au moment où le théâtre lui-même se trouve dans une situation délicate. A quoi cela servirait-il de faire des critiques sur des pièces qui ne passent que deux ou trois fois avant de disparaître ? M. Cheniki enfonce le clou en déclarant qu'il n'y avait pas de théâtre en Algérie. Evoquant le projet de l'ouverture de nouveaux théâtres, qu'il qualifie d'absurde, il dira, tranchant : «Il faudra penser à rentabiliser les théâtres existants avant de songer à en ouvrir d'autres». Par ailleurs, après cette 1re rencontre qu'a accueillie l'auditorium du théâtre de Verdure, M. Cheniki a annoncé que d'autres auront lieux le 14 février prochain avec une journée d'étude sur Mehieddine Bechtarzi et le 14 et 15 avril prochain sur «les hommes de théâtre algériens à l'étranger» et «les problèmes de diffusion» des pièces théâtrales.