Opportunité n Le Festival national du théâtre professionnel est l'occasion d'évaluer le niveau de la pratique théâtrale. Il offre aussi la possibilité de formuler nombre de réflexions en vue de trouver des chemins le conduisant vers son renouveau. Alors que, lors du Festival, il était question de dresser un état des lieux du 4e art en Algérie et de s'interroger sur son avenir, nombreux sont ceux qui, pris dans la foulée des débats, furent enclins à omettre un autre aspect s'avérant important dans l'exercice du théâtre : la critique d'art dramatique. Y a-t-il une critique théâtrale ? La critique d'art dramatique est un exercice qui accompagne le théâtre, c'est-à-dire qui suit une pièce du début à la fin. A cet effet, les professionnels du théâtre déplorent que des journalistes n'assistent pas aux répétitions. «De notre temps, des journalistes venaient même au moment où le metteur en scène commençait à distribuer les rôles et également au moment de la lecture du texte. Le journaliste assistait aux répétitions afin de se familiariser, d'approcher le texte et en avoir une idée complète», disent-ils. Ainsi, la critique d'art dramatique est une pratique qui s'impose pour jauger l'expression théâtrale. Interrogé en marge du Festival, Ahmed Cheniki, universitaire et critique d'art dramatique, estime qu'il existe une critique allant dans ce sens. «Il y a des personnes (des journalistes) qui rendent compte d'une pièce, et il m'arrive de tomber sur des articles que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire», explique-t-il. Et d'ajouter : «Le critique lit le spectacle, il le rend clair à un public qui est multiple.» Il se trouve qu'une critique s'exerçant avec professionnalisme n'existe cependant pas, et cela, d'une part parce qu'il y a très peu de représentations théâtrales et, d'autre part, parce qu'il y a absence d'espaces consacrés à la culture et au théâtre, donc favorisant une spécialisation du journaliste. Ainsi, Ahmed Cheniki déplore l'absence d'espaces (dans les journaux) consacrés à l'activité théâtrale. «Il n'y a pas de service culturel ; très peu de journaux accordent de l'intérêt à la culture et notamment au théâtre», souligne-t-il. Et de poursuivre : «De notre temps, il y avait des rubriques culturelles et, du coup, il y avait des gens qui étaient spécialisés dans chacun des domaines qui les composent. Il y avait réellement une expression culturelle, donc une critique.» Il se trouve qu'aujourd'hui, avec le pluralisme éditorial, l'espace culturel se raréfie et l'intérêt pour le théâtre ou tout autre genre culturel se fait plus rare. Ainsi, l'on assiste à une polyvalence du journaliste et non pas à une spécialisation. Cela réduit infailliblement le suivi constant, précis et complet de l'événement. Le journaliste se contente de rendre compte d'un spectacle, un compte rendu descriptif alors qu'il est censé apporter une analyse, une réflexion relative à la pièce. Il est à souligner qu'en marge du Festival, un atelier de formation dans le domaine de la critique d'art dramatique a été organisé en faveur des journalistes. Mais Ahmed Cheniki ne croit pas à la formation. «Je ne crois pas à la formation du critique», lance-t-il, poursuivant que cela vient de soi. «Il faut seulement avoir des connaissances en la matière», dit-il. C'est-à-dire un acquis culturel permettant de mieux regarder et écouter une pièce. Il faut avoir une réflexion intelligente du texte.