La 69e session de l'Assemblée générale des Nations unies a été l'occasion pour aborder les situations les plus épineuses à travers le monde. Le Mali et la Libye ont figuré en bonne place dans les débats aussi bien de la conférence qu'en marge de cette dernière. Une réunion de haut niveau sur le processus politique malien a ainsi été organisée, samedi dernier, en marge de cette 69e session de l'ONU. Co-présidée par le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et le Président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, la réunion a rassemblé les membres du comité de médiation du processus de dialogue inclusif inter-malien que sont l'Algérie, la Cedeao, l'ONU, l'Union africaine, l'OCI, l'Union européenne, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger, le Tchad et le Conseil de sécurité. Dans son intervention rapportée par le Centre d'actualités de l'ONU et relayée par l'agence PRNewswire Africa, M. Ban a d'emblée appelé les groupes armés du Mali à déposer les armes et à régler leurs différends par le dialogue, comme ils s'y sont engagés lors de la signature, en juillet dernier à Alger, de la feuille de route et de l'accord de cessation des hostilités qui ont permis l'ouverture d'un dialogue inter-malien inclusif qu'abrite la capitale. Déplorant la dégradation de la situation sécuritaire au Mali où les affrontements armés se poursuivent toujours dans le nord du pays, ce qui a ouvert la voie à des groupes terroristes dont les attaques contre la population civile malienne et les Casques bleus des Nations unies se sont multipliées, le SG de l'ONU a demandé à toutes les parties prenantes «d'œuvrer ensemble pour freiner ces extrémistes et traduire en justice les responsables». Quant aux négociations pour la paix qui se tiennent à Alger, M. Ban relèvera qu'après un début très encourageant et prometteur, elles ont marqué un ralentissement qui frise le statu quo. Aussi, a-t-il invité toutes les parties à poursuivre le dialogue, mais «dans un climat de bonne volonté et de compromis» pour aboutir à une offre sérieuse de paix, comme l'attend la population malienne et toute la région. «Seul un processus qui est réellement ouvert et prend en compte les espoirs et préoccupations de toutes les communautés peut produire des résultats durables [...]. L'ONU se tient prête à aider à la mise en œuvre de l'accord de paix que chacun espère voir sortir du processus d'Alger», a affirmé le SG des Nations unies. La question libyenne, s'est, quant à elle, invitée à l'AG de l'ONU quand le président de la Chambre des représentants de Libye, Agila Saleh Essa, est intervenu, samedi dernier, pour parler de la situation d'anarchie et de violence que vit son pays avec la prolifération des milices et groupes lourdement armés qui s'affrontent pour asseoir leur pouvoir dans une région, une ville ou même un quartier. Ces petites armées sont d'ailleurs arrivées, après d'âpres et destructeurs combats, à s'emparer récemment de Tripoli, la capitale du pays, forçant le gouvernement à «s'exiler» à Tobrouk. L'objectif des milices n'est autre que le pouvoir qu'elles veulent atteindre coûte que coûte, y compris avec la force des armes et en faisant éclater le fragile processus de transition démocratique. M. Essa ne manquera pas de rappeler à la communauté internationale ses responsabilités dans la situation explosive que vit son pays. Tout ça ne se serait pas produit si elle «avait pris au sérieux la situation en Libye, aidé le gouvernement à mettre sur pied une armée forte, accru la pression sur les groupes armés pour qu'ils déposent les armes et soutenu le réarmement de la police», soutiendra le parlementaire. Les puissances mondiales qui ont démantelé la Libye sont responsables de la violence qui y sévit et a même débordé ses frontières. L'affiliation de nombreux groupes armés libyens à Al- Qaïda ou d'autres organisations terroristes de la région n'était un secret pour aucune agence de renseignements de ces puissances qui, pour parvenir à leurs objectifs stratégiques, ont choisi de s'accommoder du terrorisme croyant qu'elles arriveraient à le contenir le moment venu. Aussi, M. Essa a-t-il lancé un appel à la communauté internationale, notamment au groupe des Amis de la Libye, à aider son gouvernement à rétablir son autorité. «La communauté internationale doit se tenir aux côtés des autorités légitimes et faire appliquer la résolution 2 174 en imposant des sanctions à ceux qui entravent le processus politique, menacent la sécurité et s'emparent des institutions de l'Etat», déclarera-t-il. Sinon, ces puissances mondiales qui remodèlent le monde à leur convenance et selon leurs intérêts, doivent dire clairement que «les Libyens devront faire face tous seuls au terrorisme», auquel cas la communauté internationale «devra subir les effets de l'expansion du terrorisme en Afrique du Nord et au Sahel», dira le parlementaire libyen dans une conclusion lourde de menaces. Précisant les attentes des autorités libyennes, M. Essa les résumera dans cinq domaines : - Consolider les organes de défense et de sécurité afin que le gouvernement puisse monopoliser l'utilisation légitime de la force pour désarmer les milices et exercer son autorité sur tout le territoire libyen ; - Assurer le contrôle du gouvernement sur Tripoli et le retrait des groupes armés des institutions de l'Etat ; - Considérer que la mise sur pied d'institutions illégales parallèlement aux organes existants constitue une entrave au processus politique et est passible de sanctions aux termes de la résolution 2 174 ; - Etablir une coopération active en matière de lutte contre le terrorisme par une alliance stratégique entre la Libye et ses voisins au nord et au sud de la Méditerranée ; - Renforcer la culture du dialogue sans exclusive ou marginalisation et instaurer un dialogue ouvert à tous les citoyens libyens avec l'aide de la Mission d'appui de l'ONU en Libye, des pays voisins, de la Ligue des Etats arabes et de l'Union africaine. H. G./Prna