Les dirigeants de la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont adopté dimanche à Abuja un plan pour une intervention militaire dans le nord du Mali pour combattre les groupes armés qui y sévissent, mais souligné que le dialogue restait le meilleur choix pour résoudre la crise politique dans ce pays. "La conférence réitère que le dialogue reste l'option préférée dans la résolution de la crise politique du Mali", ont fait savoir les responsables de la Cédéao dans le communiqué sanctionnant leur réunion au cours de laquelle ils se sont aussi prononcés en faveur de l'envoi au Mali d'une force de "3.300 soldats", "pour une durée d'un an". Ils ont appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à procéder à "l'examen diligent" de ce qu'ils ont appelé le "Concept harmonisé des opérations pour le déploiement de la force internationale conduite par l'Afrique". Car ils considèrent toutefois qu'"en ce qui concerne la situation sécuritaire", "l'usage de la force s'avère indispensable contre les réseaux terroristes et de criminalité transnationale qui menacent la paix et la sécurité internationales". Pour ce qui est du dialogue, le communiqué final du sommet d'Abuja, précise qu'un "Comité national" devra ainsi "conduire, avec la facilitation du médiateur (le président burkinabè, Blaise Compaoré) le dialogue interne entre les différentes parties prenantes à la transition et aussi avec les groupes armés non impliqués dans les activités terroristes et criminelles et qui acceptent sans condition de reconnaître l'unité et l'intégrité territoriale du Mali ainsi que le caractère laïc de l'Etat". Le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères M. Amar Belani, a relevé lundi que le sommet de la CEDEAO a confirmé que le dialogue demeurait "l'option préférée" dans la résolution de la crise malienne. L'Algérie qui a été invitée au sommet d'Abuja a réaffirmé à cette occasion, par la voix du ministre délégue chargé des Affaires maghrébines et africaines M. Abdelkader Messahel, sa position bien connue. "Nous retenons que ce Sommet a confirmé que le dialogue reste l'option préférée dans la résolution de la crise politique au Mali et c'est la position que l'Algérie défend", a dit M.Belani à l'APS. Le porte-parole a rappelé que l'Algérie n'a cessé de souligner qu'"une sortie de crise par un dialogue à engager entre les autorités maliennes et les groupes de la rébellion au nord du Mali est tout à fait possible", ajoutant "que la décantation qui s'opère actuellement au niveau de ces groupes rebelles permet d'envisager une solution politique viable respectant la souveraineté, l'unité et l'intégrité du Mali". Le représentant spécial des Nations unies pour l'Afrique de l'ouest Saïd Djinit a souligné de son côté la necéssité de "garder une forte pression à mesure que les modalités du plan militaire avancent". "Tous le monde souhaite que l'intervention militaire ne visera que les terroristes (...) notre meilleur choix reste le dialogue", a-t-il dit. "L'intervention s'appuira sur une décision des Nations unies (...) pour déloger les terroristes et les anarchistes qui ont transformé les vastes zones du nord du pays en une région hors la loi. Nous devons éviter les conséquences néfastes non seulement pour le Mali pour l'ensemble de la région Ouest africaine et l'Afrique toute entière", a-t-il ajouté. Les deux principaux groupes armés dans le nord du Mali, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et Ansar Eddine avaient exprimé leur soutien au dialogue pour résoudre la crise malienne. Le coordinateur de l'action diplomatique du MNLA, Mossa Ag Attaher, a indiqué samedi au quotidien algérien l'Expression que son mouvement était d'accord avec l'approche algérienne et celle de la Cédéao en faveur d'une solution politique négociée pour une sortie de crise au Mali, précisant que son mouvement avait saisi le Secrétaire général de l'ONU, Ban ki-Moon pour l'informer qu'il était "partie prenante" dans d'éventuelles négociations sur le "règlement de la crise dans l'Azawad". Pour sa part, le mouvement Ansar Eddine a appelé les autorités transitoires maliennes et les autres groupes armés à adhérer sans retard à "un dialogue politique global", s'engageant à cesser les actions militaires et appelant tous les mouvements armés à "faire de même". L'annonce faite par "Ansar Eddine" portant sur son "rejet solennel de l'extrémisme et le terrorisme" et "l'arrêt des hostilités" ainsi que sur sa volonté de s'engager dans un processus de dialogue inclusif avec le gouvernement malien de transition, a été saluée par les Etats-Unis. La porte-parole du Département d'Etat américain, victoria Nuland a exprimé la nécessité que ce groupe aille au delà de la déclaration d'intentions et s'engage pleinement par l'action dans la concrétisation d'un processus politique au Mali à même de permettre le rétablissement de la sécurité dans ce pays.