Le coordinateur humanitaire de l'ONU, M. Holmes, a estimé hier que la communauté internationale allait devoir verser «plusieurs centaines de millions de dollars» pour répondre aux besoins les plus urgents des Palestiniens de la bande de Ghaza. Plusieurs pays, notamment arabes, ont déjà exprimé leur intention d'aider les Palestiniens. Une conférence de donateurs est d'ailleurs prévue à la mi-février en Egypte pour recueillir les fonds de la reconstruction. «La Norvège veut coordonner les efforts internationaux et soutenir l'Autorité palestinienne. Il est crucial de soutenir l'Autorité palestinienne et reconstruire les institutions palestiniennes», a déclaré le Premier ministre palestinien Salam Fayyad. Mais avant de savoir qui va soutenir l'Autorité palestinienne, la question est de savoir qui gérera le processus de réhabilitation. Car, il est utile de rappeler, que le Premier ministre israélien avait affiché le refus de son Etat d'accorder au Hamas le droit de diriger le processus de réhabilitation de la bande de Ghaza. Mais plus que le refus israélien de voir le Hamas diriger le processus de réhabilitation, c'est l'Autorité palestinienne qui affiche son niet à la reprise en main de Ghaza par les fidèles de Haniyeh. La reconstruction va donc creuser davantage la division entre le Hamas et le Fatah. L'Autorité palestinienne, qui insiste sur le fait que la reconstruction se fera sous sa houlette, a affirmé, jeudi dernier, par la voix de Yasser Abed Rabbo, proche collaborateur du président Mahmoud Abbas, que «l'Autorité palestinienne ne permettrait pas au Hamas de créer une entité séparatiste». Ce responsable a même accusé le Hamas de sévir contre les cadres du parti de M. Abbas. Le Hamas, selon ses déclarations, transforme les écoles et les hôpitaux de Ghaza en centres de détention et de torture où sont internés les militants du Fatah. Et en conclusion, ce responsable de l'Autorité palestinienne accuse le Hamas de «voler les aides humanitaires envoyées par la communauté internationale à Ghaza et de les détourner pour ses propres partisans». Khaled Mechaal avait, la veille dans un discours, remercié les pays arabes pour leurs aides tout en les exhortant de faire attention à qui ils allaient donner les fonds. «Je remercie les pays arabes pour leurs dons en vue de la reconstruction de Ghaza. Mais, faites attention, sachez bien à qui donner cet argent, ne le remettez pas aux corrompus. Donnez-le au gouvernement Haniyeh ou bien gérez vous-même les programmes de reconstruction», a dit M. Mechaal. L'allusion au Fatah est claire. Il semble que les fonds de la reconstruction anéantissent les espoirs pour la formation d'un gouvernement d'union nationale. Khaled Mechaal est intransigeant. Pour ce chef de parti en exil, il est «temps de parler» avec le Hamas. «Depuis trois ans, on tente de se débarrasser du Hamas […] en imposant notamment un blocus […]. Il est temps de commencer à parler au Hamas, une force» dont la «légitimité» a été confortée par la guerre de Ghaza, a-t-il fait remarquer. Mais c'est loin d'être gagné pour le parti de la résistance palestinienne, vu que le Fatah vient d'avoir le soutien du nouvel occupant de la Maison-Blanche. Barack Obama a contacté, jeudi dernier, Mahmoud Abbas pour lui assurer qu'il entendait «œuvrer avec lui en tant que partenaire pour instaurer une paix durable dans la région». La guerre intestine se prolonge à Ghaza alors que ses enfants sont meurtris. H. Y.