Quelques jours seulement depuis la reprise des cours et déjà les premiers conflits dans le secteur de l'éducation font leur apparition. Des élèves, exclus à la fin de l'exercice dernier, bloquent l'entrée du Lycée mixte Boukider-Slimane, de Beni Maouche, afin, disent-ils, de se faire réintégrer conformément aux directives de la ministre de l'Education nationale, Mme Nouria Benghebrit. La direction de l'éducation de la wilaya de Béjaïa, qui refuse de surseoir à cette décision d'exclusion, échappe, semble-t-il, à la tutelle du ministère qui avait précédemment instruit tous les lycées pour donner une seconde chance aux élèves exclus. Le conflit perdure depuis cinq jours déjà. Au Lycée Khaled-Messaoud de Darguina, ce sont les enseignants qui ont débrayé pour dénoncer la décision du directeur les empêchant d'introduire leurs véhicules dans l'étroite cour de l'établissement. Etant majoritairement véhiculés, le personnel du lycée transforme, chaque jour, la dite cour en vaste parking où les élèves peinent à se mouvoir. Là aussi, le bras de fer persiste dans l'indifférence de la direction de tutelle. Des «petits» conflits comme ceux-là, sont enregistrés aux quatre coins de la wilaya de Béjaïa. À l'évidence, la gestion quotidienne des établissements scolaires laisse à désirer. L'encadrement administratif du secteur, qui a un rôle très important dans la mise en place des moyens nécessaires et la création des conditions de travail adéquates, est à l'évidence archaïque. Tous les ministres, qui se sont succédé à la tête du département de l'éducation, ont touché à tout sauf à ce volet de l'intendance qui, visiblement, cumule les tares. Depuis l'ère Benbouzid, en passant par l'intermède Baba-Ahmed, on a introduit plusieurs réformes portant sur les programmes et les contenus pédagogiques, les systèmes d'évaluations, la formation et le recyclage du corps enseignant, mais on a manifestement omis de mettre à jour l'administration, qui sévit toujours avec les vieilles méthodes des années antérieures. Il y a un besoin pressant de mise à niveau dans ce service où la compétence, la rigueur et l'équité font grandement défaut. Au moment où l'on parle de dé)bureaucratisation de l'administration, la direction de l'éducation de Béjaïa ne consacre aux enseignants qu'une seule journée de réception par semaine pour soumettre leurs problèmes, régulariser leurs situations ou s'informer sur telle ou telle autre directive d'orientation. Les enseignants, qui travaillent toute la journée du lundi, n'ont quasiment aucune chance de voir leurs responsables hiérarchiques. La gestion des ressources humaines de manière générale et celle des carrières des enseignants, en particulier, est catastrophique. Cette légèreté entretient en permanence un climat de suspicion et des sentiments d'animosité qui se soldent, très souvent, par des grèves et des mouvements de protestation. Des observateurs, se basant sur l'analyse des résultats des examens de fin d'année scolaire (6e, BEM, BAC), ont noté que le taux de réussite dans les écoles privées est plus élevé que dans les établissements publics. Pourquoi ? Les moyens disponibles dans les écoles de l'Etat sont indiscutablement plus importants. Les enseignants les plus expérimentés et les plus compétents travaillent dans le secteur public pour plusieurs raisons, dont le niveau des salaires et des indemnités perçues. Où est, donc, le problème ? Vous l'aurez deviné de vous-mêmes. Mais, étant donné le poids et le pouvoir réel de cette nébuleuse administrative, il est peu probable que l'on y fasse le ménage de sitôt. K. A.