Fajr Libya (Aube de la Libye), la milice islamiste de Misrata qui contrôle la capitale Tripoli et une grande partie de l'ouest de la Libye, a rejeté catégoriquement la proposition de dialogue inter-libyen, parrainé par l'ONU et activement soutenu par les pays voisins, dont l'Algérie comme chef de file pour accueillir les parties libyennes en conflit depuis la chute de l'ancien «guide» Mouammar Kadhafi, fin 2011. Face à la volonté politique du Parlement libyen, qui siège à Tobrouk depuis son élection le 25 juin dernier, du gouvernement d'Abdellah al-Theni, des chefs de tribus et de nombreux mouvements de l'opposition, Fajr Libya a donné une fin de non-recevoir à l'initiative du chef de la mission de l'ONU en Libye (Unsmil), Bernardino Leon qui sillonne le pays depuis un mois pour faire cesser le bruit des armes. En réaction donc à la réunion du Parlement qui s'est tenue lundi à Ghadamès, à 600 km au sud-ouest de Tripoli, avec d'autres députés qui le boycottent, Fajr Libya a publié un communiqué incendiaire, dans lequel il a clairement affirmé sa volonté à aller jusqu'au bout de sa lutte armée contre ceux qu'il a qualifié de traitre à la révolution du 17 février 2011. «Aucune personne ou groupe ne peut empêcher Fajr Libya de poursuivre son action militaire qui se poursuivra jusqu'à la décapitation de toutes les forces putschistes qui ont tué, torturé et exproprié les enfants du peuple libyen», a déclaré ce mouvement qui contrôle Tripoli depuis la mi-août et où il a installé un gouvernement parallèle, dirigé par Omar El-Hassi, l'ancien représentant du Conseil général national (CGN), réactivé à cette occasion. «Pas de dialogue, pas d'arrêt de l'action armée», peut-on lire dans le texte diffusé par «la cellule des opérations militaires», à travers les réseaux sociaux et largement repris par les médias locaux. Le mouvement islamiste affirme avoir des doutes sur la volonté de ce qu'il qualifie d'ennemis de la révolution libyenne à débloquer une situation «qu'ils ont eux-mêmes aggravé, en laissant les forces du général Khalifa Haftar mener leur campagne de destruction à Benghazi, en s'attaquant aux kataëb islamistes relevant du commandement militaire et à Ansar al-Charia», a ajouté le communiqué en question. Pourtant, Fajr Libya a classé Ansar al-Charia, qui a fait allégeance à Al-Qaïda puis à l'Etat islamique (Daech), dans la même catégorie que les troupes de l'ancien général dissident, M. Haftar, refusant toute alliance politique ou militaire avec ce mouvement terroriste. Ainsi, face à l'enthousiasme du missionnaire onusien, Fajr Libya a réservé une réponse qui ne laissera pas, sans aucun doute, indifférente la communauté internationale qui, pour le moment, poursuit ses efforts pour une solution diplomatique de la crise libyenne. «Nous avons convenu de démarrer un processus politique pour répondre à toutes les questions concernant la situation en Libye aujourd'hui et de le faire de manière pacifique avec un appel très fort en faveur d'un cessez-le-feu complet dans tout le pays», a déclaré le diplomate espagnol à l'issue de la rencontre de lundi à Ghadamès. Face au rejet de Fajr Libya de cette offre de dialogue, l'opinion publique libyenne estime que tôt au tard, il faudrait reprendre les armes pour obliger les réfractaires à un cessez-le-feu à déposer les armes. L. M.