Les milices armées accepteraient-elles un cessez-le feu ? Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a fait, avant-hier, une visite de quelques heures à la capitale libyenne pour exprimer son soutien au dialogue national de Ghadamès entre les députés du nouveau Parlement. Tunis. De notre correspondant L'espoir est-il permis ? Ban Ki-moon a appelé les milices libyennes à un cessez-le-feu immédiat pour entamer le processus de reconstitution de l'Etat. «Soyons clairs : sans un arrêt immédiat des affrontements et sans le rétablissement d'une paix durable, prospérité et vie meilleure seront un rêve lointain», a-t-il dit, en appelant tous les groupes militaires à cesser les combats en Libye. Son appel a été lancé lors d'une conférence de presse tenue à Tripoli en présence de la ministre italienne des Affaires étrangères, Federica Mogherini ; de l'envoyé spécial des Nations unies pour la Libye, Bernardino Leoni ; du représentant de la Grande-Bretagne, Jonathan Powell ; ainsi que du vice-président de la Chambre des députés, Mohamed Cheaïeb et du porte-parole des députés de l'opposition aux négociations de Ghadamès, le Misrati Fathi Bacha Agha. Ban Ki-moon n'y est donc pas allé par quatre chemins. Il a déclaré la Chambre des députés comme l'unique représentant du peuple libyen et a refusé de rencontrer le président du Congrès national général, Nouri Bousahmine, ainsi qu'Omar Hassi, le président du gouvernement désigné à Tripoli. L'unique concession faite à l'opposition, fut que le responsable onusien a fait le déplacement à Tripoli, pas à Tobrouk. «Mais, il a consacré la légitimité des députés de Tobrouk à Tripoli», remarque la journaliste Fatma Ghandur. Par ailleurs, Ban Ki-moon vient de rencontrer le président de la Chambre des députés, Salah Akila, et le chef du gouvernement, Abdallah Al Théni, il y a moins de deux semaines à New York. Les choix de la communauté internationale sont donc arrêtés. Perspectives ? L'approche de l'ONU n'est pas prête à se réaliser sur le terrain, selon les observateurs. Le gros des milices de Fajr Libya, dominant la capitale libyenne, Tripoli, ainsi que leurs alliés d'Ançar Chariaâ, présents aux villes de l'Est, Derna et Benghazi, refusent le dialogue de Ghadamès et considèrent que la Chambre des députés ne représente pas le peuple libyen. «La sortie de la crise en Libye passe par l'épuration des structures de l'Etat de tous les renégats et l'installation d'un nouveau gouvernement intérimaire en harmonie avec les concepts de la nouvelle Libye», pense le député de Misrata, Abderrahmane Souihli, qui boycotte aussi bien les travaux de la Chambre des députés de Tobrouk que les négociations de Ghadamès. Souihli a appelé à ce que «tout dialogue doit faire prévaloir les slogans de la révolution du 17 février», lors de sa rencontre, avant-hier ,avec le représentant britannique Jonathan Powell. Toutefois, l'autre député misrati, Fathi Bacha Agha, a exprimé son attachement au processus de Ghadamès. «C'est l'unique voie de salut pour installer la démocratie en Libye», a-t-il insisté. De son côté, l'envoyé spécial des Nations unies en Libye, Bernardino Leoni, a attiré l'attention sur le fait que «c'est une dernière chance qui s'offre aux Libyens pour sauver leur pays, tant qu'il est encore temps». La Libye est donc à la croisée des chemins et la communauté internationale essaie d'aider à installer une feuille de route pour le sauvetage. Le Dialogue de Ghadamès sert, dans ce sens, à s'entendre sur les institutions légales du pays, à commencer par la mise en route unifiée de la Chambre des députés. Le dialogue d'Alger sert à unir tous les Libyens, sans exception, autour d'une plateforme de réunification. Encore faut-il que les armes se taisent pour que le Dialogue ait un sens. Est-il encore temps ?