Les pays africains en proie au virus Ebola, aux abois face à l'ampleur de l'épidémie, espéraient vendredi une traduction rapide en actes des appels solennels à l'ONU à l'envoi de renforts et d'aide. L'Organisation mondiale de la santé(OMS) a annoncé hier que des milliers de doses de vaccins expérimentaux devraient être disponibles début 2015, reconnaissant que «le problème principal n'est pas le manque de médicaments», mais «la faiblesse des systèmes de santé». Lewis Brown, le ministre de l'Information du Liberia, de loin le pays le plus touché, s'est dit «heureux» de la prise de conscience de la gravité de l'épidémie manifestée par les déclarations de jeudi lors d'une réunion sur Ebola aux Nations unies. «Nous espérons que les engagements (pris jeudi) seront rapidement suivis d'effets, parce que si cela tarde à se concrétiser, les populations des différents pays vont commencer à perdre patience et accuser nos gouvernements», a déclaré M. Brown. L'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, la plus grave de l'histoire de cette fièvre hémorragique identifiée en 1976, a tué au moins 2.917 personnes sur 6.263 cas, selon le dernier bilan de l'OMS arrêté au 21 septembre: 1.677 morts au Liberia, 635 en Guinée, 597 en Sierra Leone et 8 au Nigeria. La directrice générale de l'OMS Margaret Chan a mis la communauté internationale face à ses responsabilités, affirmant lors de la réunion à l'ONU: «Vous avez le pouvoir de stopper cette horrible épidémie». «Nous n'avançons pas assez vite, nous ne faisons pas assez», a renchéri le président américain Barack Obama. Selon le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, «le monde peut et doit stopper Ebola maintenant». «Mon pays est sur la ligne de front de l'une des plus grandes questions de vie ou de mort pour l'humanité mondiale», a déclaré le président sierra-léonais Ernest Bai Koroma. M. Koroma intervenait par vidéoconférence, ayant renoncé à se rendre à New York en raison de la situation en Sierra Leone, où il a placé en quarantaine trois provinces supplémentaires, totalisant une population de plus d'un million de personnes. «Nous sommes peut-être aujourd'hui en face de notre plus grand défi, parce que nous ne pouvons pas permettre que se réalise le scénario catastrophe dans lequel plus de 100.000 de nos citoyens innocents vont mourir d'une maladie ennemie qu'ils ne comprennent pas», a déclaré la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf, restée elle aussi dans son pays. La Banque mondiale a annoncé jeudi avoir quasiment doublé, de 230 millions à 400 millions de dollars (de plus de 180 millions à près de 314 millions d'euros) son aide aux pays frappés par l'épidémie. Dans la soirée, Cuba a promis de porter de 165 à 461 les effectifs de ses médecins et infirmiers qui seront envoyés en Afrique de l'Ouest pour combattre l'épidémie. Le premier contingent doit être au complet en Sierra Leone début octobre, les renforts, soit 296 professionnels de santé, partiront pour le Liberia et la Guinée. Afin de lever un obstacle logistique à la lutte contre l'épidémie, la Côte d'Ivoire, frontalière du Liberia et de la Sierra Leone, a annoncé envisager la reprise des liaisons aériennes avec les pays touchés, ainsi que l'ouverture de ses ports et aéroports aux 3000 militaires américains en cours de déploiement dans la région. «Nous envisageons dès la semaine prochaine la reprise du trafic aérien avec nos voisins», a annoncé jeudi le président ivoirien Alassane Ouattara devant l'ONU. En Guinée, où l'épidémie s'est déclarée en décembre 2013 avant de se propager au Liberia et à la Sierra Leone voisins, les salles d'audience des cours et tribunaux de Conakry étaient fermés depuis jeudi jusqu'à la mi-octobre en raison du décès, dû à Ebola, d'une secrétaire de la Cour d'appel. L'acteur britannique d'origine sierra-léonaise Idris Elba, qui a incarné Nelson Mandela dans la biographie filmée du défunt dirigeant sud-africain, s'est joint jeudi à la campagne de l'ONU, estimant qu'il allait falloir «travailler vite», mais aussi «pendant longtemps».