Dans les pays développés, le recours aux médecines douces n'intervient qu'en dernier ressort. Autrement dit, après qu'un patient considère, même s'il a plus que tort, que la médecine normale n'a en rien résolu son mal. Inversement, chez nos concitoyens et de manière générale d'ailleurs chez l'ensemble des peuples arabes le privilège va d'abord aux médecines douces pour qu'après avoir constaté qu'ils ont tout fait, les concernés décident enfin de se rendre chez le médecin lequel, encore une fois en général, ne peut que constater l'ampleur des dommages directs et collatéraux causés par l'automédication qui plus est par médecine dite douce substituée. La spontanéité dans l'usage de la médecine douce est superbement imagée par cet adage populaire qui consiste à dire ou fait dire à ceux qui en usent, voire en abusent, «ess'el moujarab ma tess'elch tbib» sachant qu'en réalité les anciens conseillent plutôt «ess'el moujarab ma tenssach tbib». Ce qui soit dit en passant est non seulement de bon conseil, mais aussi la meilleure démarche à faire quand il y a un bobo. Autre particularité, le recours à l'huile d'olive pour n'importe quoi. Si l'aliment naturel évoqué recèle effectivement de grandes propriétés curatives ou plutôt lénifiantes dans certains cas, il n'en demeure pas moins qu'il peut être d'une certaine gravité lorsque l'huile en question est administrée abusivement ou anarchiquement. Bien entendu, les conseilleurs traditionnels ont une panoplie dans leur registre. Il en va ainsi de l'ail pour l'hypertension au persil pour les lithiases en passant par l'oignon pour radicalement soigner la migraine. En fait, s'il est vrai que tous les médicaments ingurgités par un malade sont extraits initialement à partir de plantes et autres, il faut également préciser qu'à ces plantes sont associés bien d'autres produits élaborés en laboratoire et aux dosages très stricts pour éviter de faire de tout produit non contrôlé scientifiquement un... poison. Il ne faudrait toutefois pas négliger ou sinon mépriser le recours aux médecines douces pour la simple raison que leurs pratiques ont parfois du bon sur certains malades et si ce n'est superficiellement physique au moins profondément psychologique. Et des fois, il ne faut pas grand-chose pour rendre sa sérénité à un vrai faux malade. A. L.