Quatre mille projets de recherche universitaire en post-graduation, 2 200 projets relatifs aux besoins socio-économiques prévus dans le cadre de programmes nationaux sur la recherche, 2 200 recherches réalisées durant le précédent plan quinquennal, dont 300 peuvent être retenues dans le cadre de la valorisation des résultats de la recherche et 100 projets en cours de valorisation au niveau de l'Agence nationale de valorisation des résultats de la recherche. Ce sont là quelques chiffres livrés que le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mohamed Mebarki, a récemment livrés à l'APS, dans une tentative d'évaluation de la situation de la recherche scientifique en Algérie. «Les efforts des chercheurs universitaires ont commencé à porter leurs fruits à travers l'amélioration de la visibilité et du classement de l'université algérienne au niveau international», a assuré M. Mebarki en s'appuyant notamment sur le classement 2014, du Groupe Webotmetrics ranking of world universities (du Csic, plus grand organisme de recherche en Espagne) qui «cite 73 établissements universitaires algériens publics (sur un ensemble de 13 000, Ndlr) dont 60 ont vu leur classement s'améliorer grâce à la dynamique que connaissent les universités à la faveur du développement de leurs sites Web ainsi que de leurs activités et productions pédagogiques et scientifiques». Ce qui n'empêche pas que la meilleure université algérienne, celle de Constantine en l'occurrence, pointe à la 2 256e place sur le plan mondial et à la 28e place au niveau africain. Ce que le ministre rechigne à dire est que l'Algérie n'est naturellement représentée par aucune université dans des palmarès qui se fondent sur la qualité de la recherche, le nombre de prix et de récompenses, les brevets, les publications ou encore sur le critère de la performance académique. Comme le classement de l'université Jiao Tong de Shanghai, celui du journal britannique Times, Higher education world university rankings, ou du russe Global university ranking, notamment, qui ne font aucune allusion aux établissements universitaires algériens. Une absence que Mohamed Mebarki justifie par le fait que les critères de hiérarchisation ne se basent pas seulement sur la production scientifique, mais aussi sur l'action des universités «en faveur de la mondialisation et des entreprises économiques multinationales». La place très peu reluisante de l'université algérienne dans le gotha mondial -si elle s'explique dans une certaine mesure par sa jeunesse et son manque d'expérience- met en évidence les différents problèmes auxquels elle est confrontée chaque année (les grèves des enseignants ou des étudiants en sont aussi une illustration) et qui empêchent l'émergence de la qualité. Notamment les difficultés éprouvées dans le secteur de la recherche scientifique (qui compte environ 27 000 chercheurs) comme le manque de moyens matériels, que déplorent certains chercheurs, en dépit des efforts déployés ces dernières années par l'Etat, la bureaucratie qui paralyse les élans, le favoritisme dans le recrutement des chercheurs. «La recherche scientifique ne jouit pas encore l'attention qu'il faut dans notre pays, souligne un enseignant-chercheur d'Oran. Nous sommes encore très loin des standards internationaux.» Normes qui, ailleurs, portent la recherche scientifique au rang de «nécessité de la vie» parce qu'ayant une influence directe sur le développement de l'être humain et l'amélioration de son quotidien. Petits indices démontrant l'intérêt porté au secteur par l'un des pays les plus développés, les Etats-Unis en l'occurrence : la seule université californienne de Berkeley se distingue par 65 prix Nobel, 19 Oscars, 11 prix Pulitzer, 33 000 étudiants et plus de 1 800 enseignants. Il faut aussi dire que Berkeley existe depuis 1855... S. O. A.