La ville de Benghazi vit une situation de chaos alors que des forces «pro-gouvernementales» ont lancé une offensive contre des milices islamistes. Benghazi est l'une des zones les plus chaotiques de la Libye, un pays plongé dans le chaos et livré aux milices depuis le renversement de Mouammar Kadhafi au terme de huit mois de conflit en 2011. Lequel bouleversement a été provoqué par l'Otan qui avait promis la stabilité à la population libyenne. Les affrontements redoublent de violence depuis le début de l'offensive lancée par le général à la retraite Khalifa Haftar, appuyé par l'armée et des civils armés. Une véritable guerre de rues est en cours dans cette ville importante. Le Croissant-Rouge libyen a appelé à un cessez-le-feu «même pour une heure» pour permettre aux familles de fuir les zones de combat. Les forces aériennes mènent des raids sur des fiefs des groupes islamistes. Sur son compte Twitter, l'ambassadrice américaine en Libye, Deborah Jones, prend position : «La confrontation avec des organisations terroristes est nécessaire (mais) doit être menée par les forces armées régulières sous le contrôle et la responsabilité de l'autorité centrale.» Le général Haftar a lancé en mai une opération baptisée «Dignité» contre les milices qu'il qualifie de «terroristes». Le général a été lui-même accusé dans un premier temps par les autorités de tenter un «coup d'Etat». Mais aujourd'hui la situation semble avoir évolué. L'armée régulière libyenne affiche clairement son soutien à l'opération du général et à sa nouvelle offensive sur Benghazi. Ce rapprochement est toujours dénoncé par la coalition de milices armées, notamment islamistes et originaires de la ville de Misrata, qui contrôle la capitale depuis août. Cette coalition «Fajr Libya» (Aube de la Libye) a récemment élargi son offensive à l'ouest de Tripoli. Depuis plusieurs jours, des combats font ainsi rage entre «Fajr Libya» et des forces de Zenten et de leurs alliés, en particulier autour de la ville de Kekla, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Tripoli. L'ONU a proposé une trêve humanitaire dans l'ouest de la Libye, où des combats font rage depuis une semaine. La mission de l'ONU «propose une cessation des opérations militaires dans les régions de Kekla et Al-Kalaa pendant au moins quatre jours pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire». La mission des Nations unies a envoyé des lettres détaillant l'initiative aux conseils municipaux de Zenten et à leurs rivaux. La montée du pic de violence en Libye risque de compromettre le dialogue politique lancé fin septembre par l'ONU. Un dialogue dans le but de mettre fin à l'anarchie institutionnelle dans le nord africain. Les Libyens font face en effet à une situation inédite avec deux Parlements et deux gouvernements en place, compliquant la difficile transition politique. Depuis l'intervention de l'Otan et la chute du régime de Kadhafi en 2011, Libye rime avec chaos. «Fajr Libya» a formé un gouvernement parallèle à Tripoli, tandis que le Congrès général national (CGN, le Parlement sortant dominé par les islamistes et des députés de Misrata) a repris ses travaux bien que son mandat ait expiré théoriquement avec l'élection en juin du nouveau Parlement. Avec une situation politique aussi complexe l'avenir de la Libye augure d'inquiétants lendemains. M. B./Agences