La rue a eu raison du président du Burkina Faso Blaise Compaoré. Ils étaient des centaines de milliers à sortir manifester dans la capitale, Ouagadougou, et les provinces contre sa décision de réviser la Constitution pour pouvoir briguer un nouveau mandat. Les manifestants ont redoublé d'ardeur durant la journée de jeudi dernier qui a été marquée par la prise d'assaut de l'Assemblée nationale, de la télévision publique et le siège du palais présidentiel. On déplore la mort d'au moins quatre manifestants. L'opposition parle de plus de 30 morts. La contestation populaire a poussé Blaise Compaoré à annoncer, hier, qu'il quittait le pouvoir, après 27 ans de règne. «Dans le souci de préserver les acquis démocratiques, ainsi que la paix sociale [...], je déclare la vacance du pouvoir en vue de permettre la mise en place d'une transition devant aboutir à des élections libres et transparentes dans un délai maximal de 90 jours», a-t-il déclaré dans un communiqué lu, hier à la mi-journée, à la télévision privée BF1. On ignore si M. Compaoré est toujours au pays, des informations sur un convoi transportant le désormais ex-président vers la ville de Po, près du Ghana, ayant circulé. L'annonce du départ du Président a provoqué une vague de joie, d'autant plus que dans la soirée de jeudi, il s'était exprimé sur la chaîne privée Canal 3 pour dire qu'il renonçait à son projet de prolonger son règne mais restait à son poste. Cette sortie lui avait été en fait imposée par celle de l'armée qui l'avait précédé, annonçant qu'elle prenait désormais la situation en main. Lors d'une conférence de presse, le chef d'état-major des armées du Burkina Faso, le général Honoré Traoré, a annoncé la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée ainsi que la création d'un «organe de transition chargé des pouvoirs exécutifs et législatifs et ayant pour objectif un retour à l'ordre constitutionnel dans un délai de douze mois», sans dire qui en prendrait la tête. Mais hier, le général reviendra pour annoncer qu'il assumait désormais les fonctions de chef de l'Etat. Pour l'heure, aucune décantation ou évolution n'est perçue, même si les manifestants réclament comme président le général à la retraite Kouamé Lougué, ancien ministre de la Défense écarté du pouvoir et bénéficiant d'un fort capital de sympathie. L'ancien militaire a rencontré les plus hauts gradés du pays et s'est aussi entretenu avec une autorité coutumière très respectée dans le pays, le Mogho Naba, le «roi» des Mossi, l'ethnie la plus nombreuse au Burkina. H. G./agences Niger : deuil national de trois jours après des attaques terroristes Le gouvernement nigérien a décrété hier un deuil national de trois jours, au lendemain d'attaques terroristes qui ont fait douze morts dans la région de Tillabéri (ouest), selon un nouveau bilan. «Neuf membres des forces de sécurité, une femme et deux assaillants, ont été tués au cours de plusieurs attaques dans la région de Tillabéri (ouest)», a confirmé un communiqué du gouvernement nigérien, soulignant que «les forces de l'ordre comptaient également quatre blessés et trois disparus». Par ailleurs, «des opérations de ratissage sont toujours en cours pour rechercher et neutraliser les éléments terroristes», a précisé la même source. Les attaques ont visé le poste de sécurité du camp de réfugiés maliens de Mangaïzé, la prison de Ouallam ainsi qu'une patrouille militaire à Bani Bangou, trois localités proches de la frontière du Mali. «Plusieurs prisonniers se sont évadés» de la prison de Ouallam, une ville située à moins de 100 km au nord de Niamey, a précisé le gouvernement. Ces attaques terroristes ont été condamnées avec force hier par l'Algérie, qui a réitéré son engagement à continuer à agir de concert avec le Niger et tous les autres partenaires régionaux et internationaux «pour débarrasser définitivement notre espace commun de ce fléau».Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif, dans une déclaration à l'APS, a affirmé que «fort de la détermination de l'ensemble des pays de notre région sahélo-saharienne de ne faire aucune concession au terrorisme et à la barbarie, nous réitérons notre engagement à continuer à agir de concert avec le Niger et tous les autres partenaires régionaux et internationaux pour débarrasser définitivement notre espace commun de ce fléau». R. I.