Le président burkinabé, Blaise Compaoré, a annoncé hier sa décision de démissionner dans un communiqué. Il affirme que la Présidence est désormais vacante et souhaite des élections «libres et transparentes» sous 90 jours. De son côté, l'armée burkinabaise est intervenue hier pour restaurer la sécurité au Burkina Faso, annonçant la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée nationale après une journée d'émeutes et de manifestations. Le Burkina a basculé dans la crise avec l'annonce, le 21 octobre, d'un projet de révision constitutionnelle portant de deux à trois le nombre maximal de quinquennats présidentiels. M. Compaoré doit théoriquement achever l'an prochain son dernier mandat, après deux septennats (1992-2005) et deux quinquennats (2005-2015). Les évènements ont donc évolué depuis. Dans une allocution télévisée diffusée dans la soirée de jeudi, le président Blaise Compaoré s'est dit d'abord ouvert à «des pourparlers» allant dans le sens d'une transition, à l'issue de laquelle la présidence sera transmise au président démocratiquement élu. Le président burkinabé a également annulé en fin de soirée l'état de siège, qu'il avait décrété quelques heures plus tôt, sur «toute l'étendue du territoire national». Il a en outre prononcé la dissolution du gouvernement, comme annoncé un peu plus tôt par l'armée. A la mi-journée de jeudi, les autorités ont annoncé également l'annulation du vote du projet de révision constitutionnelle. Hier, la situation a évolué. Il s'agit selon des sources médiatiques du départ du président de la République qui a opté pour la démission. Un représentant de l'armée a dû intervenir pour annoncer à la foule rassemblée dans le centre de Ouagadougou que le président Blaise Compaoré «n'est plus au pouvoir». «A partir de ce jour, Blaise Compaoré n'est plus au pouvoir», a lancé en effet le colonel Boureima Farta, hissé sur les épaules de militaires. L'officier était venu, à pied et sous escorte, depuis l'état-major des armées, tout proche de la place de la Nation, où les manifestants ont afflué dans la matinée. Prononcé devant une foule dense de plusieurs dizaines de milliers de personnes à Ouagadougou, le discours du lieutenant-colonel Zida a été accueilli par des acclamations de joie. L'armée burkinabaise a annoncé aussi la mise en place d'un organe de transition de douze mois. Cette transition, selon un communiqué du chef d'état-major des armées, Nabéré Honoré Traoré, devrait favoriser un retour à l'ordre constitutionnel «dans un délai de douze mois». Dans un communiqué, l'Union africaine (UA) a exprimé «sa profonde préoccupation face à la situation» et appelé au calme. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a annoncé l'envoi d'un émissaire pour tenter de mettre fin aux violences.