La Suède est devenue le premier pays membre de l'Union européenne à reconnaître l'Etat de Palestine. Une décision saluée et qualifiée de courageuse. «Le gouvernement considère que les critères de droit international pour une reconnaissance de l'Etat de Palestine sont remplis : il y a un territoire, une population et un gouvernement», a affirmé la chef de la diplomatie suédoise Margot Wallström au moment de la proclamation historique. La décision du pays d'Olof Palm provoquera évidement l'ire d'Israël. Son ministre des Affaires étrangères, l'extrémiste Avigdor Lieberman, réagira avec morgue et arrogance estimant que «les relations au Moyen-Orient sont bien plus complexes que d'assembler un meuble Ikea», faisant référence au géant du meuble suédois. Mais la ministre suédoise des Affaires étrangères aura une réponse d'une grande subtilité : «J'enverrai avec plaisir un meuble Ikea à Lieberman, il verra bien qu'il aura besoin d'un partenaire pour l'aider et un bon manuel.» La Suède a pris cette initiative à un moment où Israël, puissance occupante, jouit de l'impunité internationale. Mahmoud Abbas demande à tous les Etats dans le monde «qui hésitent encore à reconnaître notre droit à un Etat palestinien indépendant sur les frontières de 1967 et ayant Al-Qods comme capitale à suivre l'exemple de la Suède». En octobre la reconnaissance de l'Etat palestinien a été symboliquement débattue par la Grande-Bretagne. Mais la Suède en décidant d'une reconnaissance officielle montre la voie. Pour l'heure 135 pays dans le monde ont reconnu la Palestine, dont, outre le royaume scandinave, sept membres de l'Union européenne : la République tchèque, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie, Malte et Chypre. La décision de la Suède intervient au moment où le Comité des droits de l'Homme des Nations unies a appelé Israël à mettre fin au blocus de la bande de Ghaza, et à respecter le droit à la liberté de mouvement pour les Palestiniens des territoires occupés. D'un autre côté l'esplanade des Mosquées d'Al-Qods occupée vit des moments de grande tension après la mesure de fermeture pour la première fois depuis 1967 et l'annexion par Israël de la ville. Les forces d'occupation ont assassiné un Palestinien de 32 ans accusé d'avoir tenté d'assassiner un extrémiste venu faire dans la provocation. Le président Mahmoud Abbas a qualifié de «déclaration de guerre» cette fermeture. La Jordanie, qui contrôle la fondation gérant l'esplanade, a accusé Israël de «terrorisme d'Etat». Voyant qu'une troisième Intifadha était dans l'air, Israël a finalement rouvert l'esplanade. Ce lieu symbolique est souvent le théâtre de provocations des ultranationalistes qui réclament le droit de prier dans l'esplanade des Mosquées. Les perspectives d'une reprise des négociations pour régler la question de la colonisation israélienne qui dure depuis plus de 65 ans n'ont jamais paru aussi sombres. M. B./Agences