Coup de tonnerre dans le ciel européen! Vendredi dernier, à la veille de l'Aïd El Adha, le nouveau gouvernement suédois, aussitôt formé, a reconnu l'Etat palestinien. C'est le premier pays membre de l'Union européenne à le faire. Les sept autres pays membres de l'UE (Hongrie, Roumanie, Pologne, Bulgarie, Malte, Chypre et la République tchèque) qui ont reconnu l'Etat palestinien l'avaient fait avant leur adhésion à l'Union. La décision suédoise a été qualifiée de «courageuse» par Mahmoud Abbas dans la mesure où elle échappe à l'emprise du lobby sioniste très actif à Bruxelles. Du coup, le service diplomatique de l'UE a publié, juste après, un communiqué dans lequel il condamne le dernier projet d'Israël qui compte construire 2610 logements à Jérusalem-Est (territoire palestinien occupé par Israël). Le communiqué ajoute que «c'est un nouveau pas... (qui) fait douter de l'engagement d'Israël en faveur d'une solution pacifique et négociée avec les Palestiniens». Nombre d'observateurs attribuent cette condamnation à «l'effet» suédois. Il est clair en effet que la décision suédoise crée un précédent et entraînera certainement d'autres pays de l'UE à adopter la même position. C'est pour cette raison qu'Israël a très mal vécu l'annonce de Stockholm. Libermann, le ministre israélien des Affaires étrangères, n'a pas manqué de faire part de son irritation. En réalité, ce n'est pas seulement un coup de tonnerre dans le ciel européen mais une première dans le monde occidental. A en juger la réaction des Etats-Unis pour qui cette reconnaissance par la Suède de l'Etat palestinien est «prématurée». Ce qui ne signifie rien d'autre qu'arrivera le moment où les Etats-Unis eux-mêmes prendront la même décision. Pour mieux mesurer l'ampleur de la décision suédoise, il est bon de faire un petit rappel des événements. L'Etat palestinien a été proclamé à Alger le 15 novembre 1988 par Yasser Arafat. 134 des 193 pays membres de l'ONU reconnaissent aujourd'hui l'Etat palestinien. Le reste, essentiellement les pays occidentaux, reconnaît «l'Autorité palestinienne». Ce qui n'est pas la même chose. Pour ces pays, la notion d'Etat palestinien n'interviendra qu'après les négociations de paix. Des négociations plusieurs fois avortées par Israël depuis des décennies. Ceci dit, il est également utile de rappeler que le nouveau gouvernement suédois est composé du Parti social-démocrate et des écologistes. Ce qui renvoie aux bons souvenirs laissés par Olof Palme qui fut le chef du Parti social-démocrate et chef du gouvernement suédois lorsqu'il a été assassiné en 1986. Son assassinat n'a jamais été élucidé. Olof Palme était un homme politique de très grande envergure. Très courageux dans ses positions sur la scène internationale, il s'était dressé contre la guerre au Vietnam, contre l'Apartheid en Afrique du Sud et avait clairement manifesté son soutien à la cause palestinienne. Il recevait régulièrement à Stockholm Yasser Arafat. C'était aussi, faut-il le rappeler, un ami de l'Algérie. Tout ceci pour dire que la position suédoise de vendredi dernier s'inscrit dans une continuité historique et une vision avant-gardiste. On sait comment s'est terminée la guerre au Vietnam. On sait comment s'est achevée la politique d'Apartheid en Afrique du Sud. On ne peut plus douter, par conséquent, de la position de la Suède sur le conflit israélo-palestinien. D'ailleurs, Israël qui freine des quatre fers les négociations de paix (pour des raisons évidentes d'hégémonie), perd de plus en plus ses soutiens et même parmi ceux qu'elle considérait comme inconditionnels et à leur tête les Etats-Unis. Pour toutes ses raisons, l'information de la décision suédoise de vendredi dernier a été censurée par les médias internationaux. Pour mieux cacher l'isolement dans lequel s'enfonce, par ses excès, Israël!