Les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) ont exécuté plus de 200 membres d'une tribu sunnite dans l'ouest de l'Irak, à quelques jours des célébrations chiites de l'Achoura qui font craindre un regain de violences. Le groupe ultra-radical, qui a proclamé un «califat» sur les vastes territoires sous son contrôle en Irak et en Syrie, a pris pour cible ces derniers jours la tribu sunnite d'Albounimer, qui lui est hostile dans la province d'Anbar (ouest). Des enfants et des femmes figurent parmi les plus de 200 de ses membres que les jihadistes ont exécutés au cours des dix derniers jours, selon plusieurs sources. Des images censées avoir été prises immédiatement après l'une de ces exécutions montrent les corps d'une trentaine d'hommes le long d'une rue dont le sol est couvert de sang, sous les yeux d'enfants et de jeunes hommes. Les djihadistes se sont emparés dès janvier de villes de la province d'Anbar qui s'étend de Bagdad à la Syrie, avant de lancer début juin une vaste offensive face à des forces de sécurité totalement dépassées. Plus à l'Est, dans la province de Salaheddine, des djihadistes ont enlevé des dizaines de membres de la tribu Joubour, qui a récemment pris les armes contre l'EI, ont rapporté des responsables et un chef tribal. À l'approche de l'Achoura, l'une des plus importantes fêtes chiites, ces lacunes de l'armée et de la police font craindre un nouveau bain de sang et une multiplication des attaques des djihadistes, qui considèrent les chiites comme des hérétiques. Plusieurs attentats contre des pèlerins en route vers la ville sainte de Kerbala ont déjà été perpétrés ces derniers jours. 24 personnes ont été tuées samedi autour de Bagdad et 13 pèlerins chiites sont morts dimanche dans une attaque dans le sud-ouest de la capitale. De son coté, la directrice-générale de l'Unesco, Irina Bokova, a condamné hier la destruction «barbare» du patrimoine culturel en Irak, où les djihadistes ont détruit des sites anciens sur les territoires qu'ils contrôlent. L'Irak possède «des milliers de temples, de bâtiments, de sites archéologiques, d'objets qui sont un trésor pour l'humanité toute entière», a déclaré Mme Bokova lors d'une visite à Bagdad. «Nous ne pouvons accepter que ce trésor, cet héritage de la civilisation, soit détruit de la façon la plus barbare qu'il soit», a-t-elle ajouté. L'EI a notamment détruit des tombeaux, des églises et de précieux manuscrits dans la ville de Mossoul, deuxième cité d'Irak qu'il a prise début juin, et a vendu des antiquités pour se financer. Les frappes aériennes n'ont pas encore eu les effets escomptés et cette armée terroriste multiplie les massacres.