«Aujourd'hui, notre position est claire : la seule alternative qui s'offre à nous est la riposte et la guerre par les armes», a déclaré Ibrahim Ag Bahanga dans un entretien publié hier par le quotidien El Khabar. Trente et un rebelles touareg du groupe dirigé par Ag Bahanga ont été tués le 22 janvier dans le nord-est du Mali, au cours d'une «offensive» de l'armée malienne, selon le ministère malien de la Défense. L'armée malienne avait déclenché début janvier «une opération de sécurisation» dans le nord-est du pays, destinée «à anéantir» le groupe dirigé par Ag Bahanga. Le chef rebelle touareg a également affirmé que son groupe «respecte l'accord d'Alger plus que tous les autres groupes de rebelles touareg du Mali réunis dans l'Alliance pour la démocratie et le changement (ADC)». «Nous sommes concernés plus que tout autre partie au sein de l'Alliance par l'accord d'Alger», a-t-il estimé. Un responsable au ministère malien de la Défense avait indiqué le 22 janvier «il n'y aura pas de trêve contre le groupe d'Ibrahim Ag Bahanga [qui n'est] plus dans l'accord d'Alger» signé en 2006. Auparavant, le président malien Amadou Toumani Touré avait réaffirmé sa volonté d'appliquer l'accord de paix d'Alger avec les autres groupes de rebelles touareg du Mali réunis dans l'ADC. L'accord d'Alger stipule notamment que les Touareg ne doivent plus réclamer l'autonomie de leur région tandis que Bamako doit accélérer le développement des régions du Nord. Mais Ag Bahanga, le plus radical des chefs de groupes rebelles, demande depuis 2007 que l'armée allège son dispositif dans la zone de Tinzaouatène, à la frontière avec l'Algérie. Le gouvernement refuse, arguant qu'il s'agit d'un lieu de transit pour le trafic international de drogue, dans lequel il accuse Ag Bahanga d'être impliqué. Au-delà des griefs d'Ag Bahanga contre le gouvernement malien, notamment ceux liés au développement économique et social du nord du Mali, l'opposition ne peut demander au gouvernement de Bamako de réduire sa souveraineté sur une région du pays quelle qu'elle soit. D'autant plus que la région que contrôle ou que veut contrôler Ag Bahanga est une zone de trafic de tout genre pas uniquement de drogue, de transit d'ouest en est, mais aussi de trafic d'armes. En dépit de la présence des forces gouvernementales dans les régions du Nord malien, les terroristes ont réussi à s'y implanter et à mener des opérations contre des touristes européens et s'y comporter comme s'il s'agissait d'un terrain conquis. Pour l'Algérie, la sécurité de ses frontières et la stabilité politique des pays voisins sont des questions stratégiques qui ne peuvent être soumises aux humeurs des groupes rebelles. Autant il est légitime de revendiquer un développement de toutes les régions du Mali, autant il est inadmissible de menacer la stabilité et la sécurité régionales. A. G.