Pour répondre à une demande de consommation de produits dérivés des céréales, toutes variétés confondues, sans cesse croissante et s'épargner des fluctuations des cours à l'international dans ce type de matières qui grèvent lourdement le budget de l'Etat, le pays est appelé à augmenter sa production. Pour ce faire, entre autres conditions pour arriver à de meilleurs rendements, les céréaliculteurs ont besoin de disposer de fertilisants agricoles en quantités suffisantes et à des prix abordables. Cela est devenu possible dans la mesure où l'industrie nationale de la pétrochimie dans son segment production d'engrais, notamment l'ammoniac et l'urée, commence à connaître un essor certain en termes de production de ces intrants chimiques. Un constat qui n'a rien d'étonnant dans la mesure où le pays dispose d'importants gisements gaziers, matière première pour la production d'ammoniac et d'urée, ce qui a permis et va permettre le déploiement de l'industrie nationale de fertilisants. Ce faisant, l'Algérie est en passe de devenir le principal producteur d'engrais dans le pourtour méditerranéen. En effet, depuis peu le pays s'est engagé dans un vaste programme d'investissements dans la filière de l'ammoniac et de l'urée, essentiellement utilisés comme engrais agricoles. Cela est d'autant plus fortement indiqué dès lors que la forte demande sur le marché mondial, tirée par la hausse des besoins alimentaires des pays, n'est pas près de baisser. Ce qui induit que les besoins en engrais devraient s'intensifier continuellement. Cette perspective a incité la Compagnie nationale Sonatrach à déployer sa filière pétrochimie. Pour ce faire elle a conclu trois joint-ventures. Développement de la production de fertilisants Issue d'un partenariat entre Asmidal (filiale de Sonatrach) et le Groupe espagnol Grupo Villar Mir, l'entreprise Fertial, qui produit actuellement 900 000 tonnes d'ammoniac et 200 000 tonnes d'engrais, veut atteindre des capacités de production, respectivement, de 1,2 million de tonnes et de 350 000 tonnes, après accomplissement du processus de renouvellement des équipements, soit d'ici 2018. «Sur un total de tous les produits, aujourd'hui nous sommes à 1,1 million de tonnes, avec pour objectif de passer à 1,8 million de tonnes», annonce la société. La deuxième entreprise mixte est la société conjointe Al Djazaïria Al omania lil asmida (AOA) qui a lancé le projet de construction d'un complexe industriel de production d'ammoniac et d'urée. Ce méga complexe implanté à Arzew, ouest d'Oran, qui entrera en service dans les prochains mois, projette de produire 1,3 million de tonnes d'ammoniac et 2,3 millions de tonnes d'urée par an. À terme, AOA ambitionne de procéder à des extensions. La troisième joint-venture, Sorfert Algérie SPA, codétenue par Sonatrach et deux partenaires étrangers, est également dédiée à la production d'ammoniac et d'urée. Ce sont l'Omanais Suhail bahwan holding group et l'Egyptien Orascom development holding, qui détiennent 51% dans les capitaux de Sorfert. Selon un responsable de cette entreprise, le volume exporté par sa société a atteint un montant de près de 500 millions de dollars depuis l'entrée en production de Sorfert. On apprendra aussi de cette même source, qui s'exprimait lors d'une visite guidée de l'usine organisée à l'intention des journalistes, que cette société mixte a exporté 750 000 tonnes d'urée et près de 739 000 tonnes d'ammoniac. À souligner que Sorfert déploie actuellement une stratégie pour booster ses parts de marché extérieurs sur les deux composants de sa chaîne : une capacité de production d'un million de tonnes d'ammoniac et près de 800 000 tonnes d'urée par an. Toujours d'après cette même source, Sorfert compte gagner des parts de marché à l'international en visant 25 pays situés notamment en Europe et en Amérique latine. Approvisionnement du marché interne et exportation Notons au passage que les deux complexes de production d'ammoniac et d'urée pourvoient à tous les besoins de l'agriculture domestique. Mais l'essentiel de la production est destiné à l'export. Et sur ce dernier point, des estimations avancent que l'Algérie va disposer à court terme d'un potentiel d'exportation de près de 4 millions de tonnes d'urée et d'ammoniac. Une capacité qui la rend leader en la matière dans le bassin méditerranéen et deuxième dans le monde arabe, derrière l'Arabie saoudite. C'est pour dire qu'en se lançant sérieusement dans l'industrie des fertilisants, l'Algérie doit ainsi profiter de plusieurs atouts : le faible coût de la matière première, le gaz en l'occurrence, et les fortes opportunités à l'export liées à la forte demande mondiale en fertilisants. Ce sont autant d'atouts compétitifs à mettre à profit dans l'immédiat si l'on veut booster quelque peu nos exportations hors hydrocarbures, et également diminuer notre facture d'importation de céréales en produisant plus grâce à une utilisation d'engrais selon des normes qui puissent augmenter les rendements. C'est d'ailleurs les conseils des experts agronomes qui préconisent un niveau plus élevé de l'usage des engrais, des fertilisants et des produits phytosanitaires dans tous les secteurs de production agricole. C'est en fait pour ces experts un moyen efficace si l'on veut intensifier les niveaux de production agricole. Maintenant que les engrais sont devenus très disponibles, on peut avancer que la balle est dans le camp des agriculteurs. À eux donc de s'atteler à utiliser davantage les intrants nécessaires pour atteindre des rendements plus élevés. Z. A.