De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Depuis dix ans, le CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou s'est doté d'un mécanisme moderne de prise en charge des questions d'hygiène et de sécurité, qui fait de lui, chiffres à l'appui, un leader national en la matière. Des dispositifs de prévention, de veille et de lutte contre les maladies nosocomiales (maladies qui se répandent en milieu hospitalier) et les risques d'infection dangereuse provenant, par exemple, de plusieurs foyers et laboratoires où l'on manipule des pièces anatomiques contaminées, sont soumis quotidiennement aux tests de fiabilité par une équipe spécialisée en hygiène hospitalière, dirigée par deux techniciens en assainissement et constituée d'agents de service (journaliers) recrutés exclusivement pour cette mission. «S'il y a bien un domaine où des efforts ont été consentis par notre personnel, c'est bien celui de l'hygiène et de prévention de maladies issues du processus d'analyse et d'anéantissement de pièces anatomiques dans nos laboratoires», nous affirme le Dr Mensouri, directeur général du CHU Nedir Mohamed. Il précise que «99% des pièces anatomiques sont incinérées, et le reste, telles les jambes amputées, est enterré dans des réservations au cimetière à une profondeur importante, dont certaines sont mêmes traitées à la chaux pour éliminer tout risque de contamination, en rappelant, à l'occasion, que le transport de la dépouille est réglementé». «Quand il y a danger sur la vie d'autrui, la dépouille est mise dans un cercueil scellé et acheminée directement au cimetière, suivie d'un traitement à la chaux», ajoute-t-il, quequel tout le monde consent. Pour ce qu'est des infections nosocomiales (I.N.), un circuit bien rodé (dix ans d'expérience) est mis en action à travers le Comité de lutte contre les maladies nosocomiales (Clin), sous l'impulsion du Dr Azzam, directrice des activités médicales et paramédicales (DAMPM) et secrétaire du CLIN au CHU de Tizi Ouzou. Pour cette responsable, la question de l'hygiène hospitalière est en pleine «évolution et est directement liée à l'organisation. Les résultats des enquêtes de prévalence [du nombre de malades touchés par les infections nosocomiales (I.N) sur l'ensemble des malades hospitalisés à une période donnée] des IN au sein du CHU Nedir Mohamed sont là pour prouver le respect quotidien du circuit d'élimination de tous les risques de maladies, lesquelles font des dégâts». En effet, en 2005 le taux de prévalence des I.N à l'hôpital de Tizi Ouzou était de 12%, avant de chuter en 2006 à 9% et à 5,9 en 2007, et le CLIN vise à atteindre la norme française, qui est de 3%, d'ici quelques années. Les agents ont pour tâche de veiller à la propreté de l'établissement en dehors des services et de procéder au bio-nettoyage (avec des produits biocides). Dr Azzam rappelle que cet établissement est passé au non tissé (tenue de bloc jetable), notamment lors d'interventions chirurgicales dans les services à risque ainsi que la généralisation de containers piquants coupants tranchants (PCT) contre les accidents exposant au sang (AES). Il est question de généraliser la solution hydro-alcoolique à tout le personnel soignant afin de casser la chaîne de transmission des maladies. Aussi, au niveau de la cuisine, c'est «la marche en avant» qui est appliquée pour servir au malade des plats empaquetés, solution pour éviter la prolifération des insectes et cafards. Sinon, en cas d'alerte donnée par le bactériologiste ou le service d'épidémiologie et de médecine préventive (SEMEP), des prélèvements sont effectués, allant du matériel au personnel soignant. Le malade est isolé géographiquement et techniquement et mis sous antibiotiques. Le service concerné est fermé temporairement et désinfecté dans l'attente des résultats du laboratoire. Par la suite, on refait les prélèvements pour s'assurer de la disparition de l'infection, avant que les recommandations du CLIN ne tombent. Ce travail est facilité par la normalisation de la majorité des services, alors que ceux de CCI, de pédiatrie, de neurochirurgie, de traumatologie et d'endocrinologie sont en cours de finalisation, selon la directrice, qui donne rendez-vous aux malades en octobre 2008 pour voir les améliorations dans les résultats de l'enquête de prévalence.