Des fouilles archéologiques autour du monument funéraire de celle qu'on présente comme la reine touareg Tin Hinan, un tombeau daté du 4e siècle, qui sont en cours à Abalessa, ont déjà révélé des «fragments d'os, de bois, de poteries et d'œufs d'autruche», a constaté l'APS. Ces éléments, qui seront étudiés en laboratoire, devraient renseigner sur la structure originelle du tombeau. Certaines pierres portant des gravures d'animaux et des inscriptions en tifinagh (alphabet amazigh utilisé par les Touareg) trouvées sur le site intéressent également les scientifiques. Un sondage au radar géologique sera prochainement effectué qui permettra de déterminer la profondeur du sol du monument et ce qui pourrait s'y trouver. Lancées en décembre 2014 par le Centre national de recherche archéologique (Cnra) en partenariat avec l'Office national du parc culturel de l'Ahaggar (Onpca), ces fouilles archéologiques se concentrent sur «les remblaiements issus de l'intérieur et des parois du monument et amassés autour du tombeau», a expliqué à l'APS le directeur du Cnra, Farid Ighilahriz. Il a également indiqué que les archéologues du centre ont procédé à «des relevés topographiques afin d'établir le plan du monument ainsi qu'à un relevé photogramétrique qui peuvent fournir des maquettes en 3D et suggérer des reconstitutions du monument, après recoupements avec les objets trouvés lors des fouilles». Situé au confluant des oueds Abalessa et Tifirt, ce tombeau, découvert en 1926 par une expédition franco-américaine, a d'abord servi d'habitation fortifiée avant de devenir le tombeau de la reine touareg (abritant un rituel sacré autour de la chambre funéraire). Dans ce tombeau ont été découverts des restes d'habits en cuir, des colliers de perles semi-précieuses. Les archéologues ont découvert également une écuelle de bois portant la trace d'une pièce à l'effigie de l'empereur Constantin ainsi qu'un mobilier funéraire. Ces objets ainsi que le mobilier témoignent des relations qui se sont nouées jadis entre les habitants de l'oasis d'Abalessa et les voyageurs venus de l'Orient. Tin Hinan a donc été capable non seulement de faire ce voyage à travers le Sahara, mais aussi de créer les conditions de vie dans les lieux et de tisser des relations commerciales nécessaires à l'enrichissement de sa descendance. Le mobilier et d'autres objets antiques se trouvent au Musée national du Bardo à Alger avec le squelette de Tin Hinan. Sur site, l'Onpca avait aménagé en 2009 un poste de garde, une clôture, un petit centre d'interprétation sur le monument et un parcours pavé en parfaite adéquation avec l'environnement. Un second programme d'aménagement du site est inscrit pour sa valorisation, à la fin des fouilles qui devraient durer près de deux mois. Le directeur de l'Onpca, Ahmed Aouali, souligne que ce programme prévoit «le dégagement total du tombeau, l'installation d'une maquette reproduisant le massif montagneux entourant Abalessa et une maquette du monument afin de ne plus introduire les visiteurs à l'intérieur des chambres du tombeau». S. B./APS