Daté du IVe siècle avant notre ère, le fortin de Tin Hinan n'a pas encore livré tous ses secrets. Si vous partez en excursion dans le parc national de l'Ahaggar, ne ratez pas ce site mythique, à moins de 100 kilomètres de Tamanrasset. Sur une colline dominant le confluent des oueds Tifirt et Abalessa, à proximité du village d'Abalessa, à 80 kilomètres au nord-ouest de Tamanrasset, se dresse le fortin de Tin Hinan, reine des Touaregs. Le monument, daté du IVe siècle avant notre ère, construit en pierre, possède un épais mur d'enceinte (de 1,40 m à 3,70 m) et onze chambres de formes irrégulières à l'exception de celle qui renferme la sépulture de Tin Hinan. La chambre où se trouvait la sépulture est entourée d'un déambulatoire. Et tout autour du monument ont été aménagés treize petits chouchets comportant des sépultures. Le squelette de Tin Hinan, découvert en 1925, n'a pas livré tous ses secrets, au même titre que le site. C'est ici que, selon les traditions des Kel Ahaggar, deux femmes beraber, l'une noble, Tin Hinan, l'autre sa servante, Takamat, seraient arrivées à une époque ancienne. « La version la plus célèbre, celle du père Charles de Foucault, explique que la reine et sa servante sont venues du Maroc entre 450 et 250 avant Jésus-Christ pour s'installer à cet endroit, idéal parce qu'en hauteur, carrefour de pistes caravanières, l'eau était abondante, raconte Messaouda Benmessaoud, archéologue. Mais la version la plus scientifique est bien celle de Maurice Reygasse, ancien directeur du Musée du Bardo. Après des fouilles réalisées en 1933, il avance que le site aurait été construit par un Romain chrétien, chassé par les musulmans, qui, plus tard, serait revenu au fortin. En effet, les dix salles dégagées montrent de vraies ressemblances avec les constructions romaines. » Sur le site, les chercheurs ont trouvé une pièce de monnaie à l'effigie de Constantin Le Grand mais aussi un important mobilier funéraire, composé notamment de bracelets en or et en argent, d'une petite coupe en pierre renfermant de l'ocre, des perles d'antimoine et en métal et une statuette de femme stylisée. « Cela n'enlève rien au fait que Tin Hinan ait vécu là, ajoute-t-elle, mais elle serait arrivée bien après… »