Les choses sérieuses commencent ce soir pour l'équipe nationale. Bousculés lors du premier tour dans une poule «C» très relevée, les Verts poursuivent le périple africain avec une autre grosse affiche. Un adversaire et pas des moindres. Du lourd avec les «Eléphants» ivoiriens au menu. Une empoignade entre deux sélections sorties tout droit des deux groupes de la mort de cette CAN équato-guinéenne. D'un côté, Christian Gourcuff, qui a réussi à atteindre les quarts de finale pour sa première expérience africaine, de l'autre, le très rusé Renard (Hervé de son nom), qui a affronté deux fois (pour autant de défaites) l'Algérie lorsqu'il était sélectionneur de la Zambie. Deux hommes aux personnalités complètement opposées. La force tranquille de Gourcuff face au caractère bien trempé de Renard et sa «grande gueule». «Pour une équipe du calibre de la Côte d'Ivoire, la compétition commence en quart de finale. Avant, c'est un échec. Si vous ne réussissez pas à passer le premier tour, vous êtes pointés du doigt. Maintenant, on est en quart de finale contre l'Algérie, une très belle équipe avec beaucoup de talents offensifs. La compétition démarre maintenant», a lâché celui qui avait mené la Zambie au sacre continental en 2012. Une manière à lui de réajuster le costume de favori en force de ses poulains qui ont connu un premier tour assez délicat et poussif en compostant leur billet sur le fil grâce à une victoire étriquée face au Cameroun lors de la troisième journée. L'ancien entraineur de l'USM Alger et du FC Sochaux sait pertinemment que son équipe sera en danger face aux Fennecs. Surtout si son attaque ne se réveille pas. Avec une armada offensive de choix, les Ivoiriens n'ont inscrit que 3 buts lors des 3 premières sorties. Trop peu si on fait le rapport qualité-buts. Wilfried Bony, Max Alain Gradel et Gervinho, qui sera de retour sur le front de l'attaque après avoir purgé sa suspension de deux matchs, les Ivoiriens sont redoutables dans ce secteur de jeu. Les performances un peu poussives de Kolo Touré et consorts sont certainement dues à la méforme de son frère Yaya. Pièce motrice de la sélection, le milieu de terrain de Manchester City reste loin du Touré de la Première League. Les Algériens espèrent certainement que l'«hibernation» du Mancunien se poursuive lors des 90 prochaines minutes (voire plus si prolongations il y aura comme en 2010). En parallèle, ils attendent (toujours) le réveil de Sofiane Feghouli et Yacine Brahimi. Deux éléments au potentiel technique indéniable qui ont du mal à montrer tout l'étendu de leur talent dans cette 30e édition de Coupe d'Afrique des Nations. Cependant, bien que peu performant, Feghouli a distillé deux offrandes sur les cinq réalisations de l'EN lors de la première phase. Un Feghouli comme celui de Valence sera un véritable atout lors de ce match décisif. Ecrire une nouvelle page De 2010 à 2015, beaucoup de choses ont changé. Si l'effectif Ivoirien a gardé son ossature, celui d'«El-Khadra» a changé complètement... ou presque. Parmi les rescapés de la retentissante victoire en Angola on compte deux éléments seulement : Madjid Bougherra et Rafik Halliche en l'occurrence. Le premier, se rappellera certainement aux bons souvenirs et son improbable et inespéré but égalisateur à l'ultime minute de la partie. Il sera d'ailleurs sur la pelouse de Malabo avec son brassard de capitaine pour honorer sa 70e sélection. Dans le camp adverse, Serge Aurier et ses compatriotes ne veulent pas parler de revanche même si ça en est une pour eux. Cette élimination en quart avait privé la génération dorée de Didier Drogba, aujourd'hui retraité, d'aller au bout d'un rêve qu'elle n'a jamais pu accomplir : s'asseoir sur le trône continental, malgré un effectif flamboyant qui faisait saliver n'importer quel sélectionneur. Cinq ans plus tard, Gourcuff a sous la main un groupe dont la qualité est louée par beaucoup de spécialistes. Cette fois, les moyens humains des «Guerriers du Désert» paraissent plus importants et clinquants. Un groupe rajeuni qui a de l'appétit et l'ambition de réaliser quelque chose de grandiose après son Mondial marquant au Brésil. Une nouvelle génération et une nouvelle page à écrire avec de nouveaux pieds et un statut de favoris désigné à assumer. Pour être de la trempe des grands il faudra franchir les gros écueils. À trois matchs de la consécration, tous les rêves sont permis. Une chose est sûre, les huitièmes de finalistes voient grand et ce premier tour compliqué semble les avoir réveillés. «On sait que ça va être compliqué, mais on fera tout pour arracher notre qualification aux demi-finales. Dimanche (ce soir ndlr), j'espère qu'on va pouvoir imposer notre jeu et faire un grand match. Pour moi, cette rencontre est une finale avant la lettre», estime le défenseur Faouzi Ghoulam. Un match couperet où il n'y aura qu'un seul vainqueur. En tout cas, Renard a déjà lancé ce match en déclarant : «Je salue les supporters (de l'USMA qu'il a drivée en 2013 pendant 10 mois ndlr) et je vais essayer de leur faire quelques misères. Ce n'est pas une provocation, c'est une blague parce que j'ai beaucoup d'amis en Algérie.» Même s'il affirme que c'est de l'humour, il n'y a pas de doute, les Eléphants vendront chèrement leur peau. M. T.