Merzak Meneceur Avec la présence de quatre chefs d'Etat, plusieurs dizaines de ministres et 500 chefs d'entreprise et organisations patronales de France et d'une quarantaine de pays africains, le Forum franco-africain pour une croissance partagée, qui s'est déroulé, hier à Paris, a répondu aux attentes de ses organisateurs, qui tenaient à faire de cet événement un jalon supplémentaire dans la redéfinition et le développement des relations économiques entre le pays hôte et un continent en mouvement. Le président Hollande, qui revenait de Kiev où il était jeudi soir, pour repartir rapidement à Moscou dans la cadre de la médiation franco-allemande dans la crise ukrainienne, pouvait dès lors affirmer que «c'est un succès que cette initiative, c'est la preuve de l'intérêt réciproque». Il a repris à son compte, comme le président sénégalais Macky Sall, le titre d'un rapport du Sénat français, «L'Afrique est notre avenir», tellement le potentiel de développement du continent est énorme, qui représente une grande opportunité pour la croissance dont son pays a tant besoin. L'esprit du partenariat gagnant-gagnant semble plus que jamais incontournable. Des discours prononcés, il ressort que la France a remodelé, ou est en voie de le faire, ses outils d'intervention financiers en faveur des entreprises intervenant en Afrique, ainsi que sa politique de délivrance des visas pour les entrepreneurs et hommes d'affaires africains. Et l'Afrique, comme l'a souligné le président gabonais, Ali Bongo, ne veut plus demeurer le continent fournisseur de matières premières à l'état brut sans transformation, donc sans industrialisation et sans création d'emplois, donc sans développement. Mais, en plus des allocutions, des séances plénières et des tables rondes sur des thèmes comme «La jeunesse au cœur de la croissance et du partenariat franco-africain» et les «Innovations financières pour une croissance inclusive et durable», le forum parisien a fait du concret avec le lancement officiel de la Fondation pour la croissance, conformément à l'engagement pris lors de la Conférence au sommet de l'Elysée pour la Paix et la Sécurité, organisée le 2 décembre 2013. Copiée sur les modèles anglo-saxons, nommée dorénavant Africa-France, la Fondation porte de grandes ambitions. Institution non gouvernementale, elle rassemble, selon son président, Lionel Zinsou, le public et le privé, des collectivités locales, des associations, des centres d'enseignement et de recherche, qui vont travailler ensemble dans des clubs sectoriels avec comme financement des cotisations et des contributions volontaires. Ses premiers objectifs sont l'emploi, les jeunes, les réseaux de femmes, et l'environnement. Ses méthodes sont le partenariat direct d'entreprise à entreprise, de métropole à métropole, de communauté rurale à communauté rurale. Africa-France est annoncée comme un instrument destiné à «accélérer les rythmes de la croissance, mais aussi améliorer la qualité de la croissance pour répondre aux besoins et aux nécessités sociales et environnementales». M. M. Messahel a présenté les observations de l'Algérie L'Algérie est totalement partie prenante dans l'élaboration et la mise en œuvre d'une conception «d'un partenariat fondé sur une croissance partagée», car elle est convaincue que «des relations économiques internationales gagnant-gagnant constitueront la meilleure garantie pour une ère durable de sécurité et de bien-être pour tous les peuples», a déclaré Abdelkader Messahel, ministre délégué chargée des Affaires maghrébines et africaines, dans une communication faite hier au Forum franco-africain pour une croissance partagée. Le représentant du gouvernement algérien a également évoqué les défis à relever tant par l'Afrique que par la France. Pour l'Afrique, il faut relever les défis d'une transformation structurelle de ses économies pour réduire la vulnérabilité à la volatilité des cours des matières premières d'exportation et d'un accroissement de l'offre d'emplois, pour répondre à une demande estimée à près de 10 millions par an. Quant à la France, elle a «à relever les défis d'un ralentissement de sa croissance et de décrue du chômage dans un contexte mondial en mutation accélérée. La France et l'Afrique ont, dès lors, tout à gagner d'initiatives audacieuses pour mettre la valorisation de leur potentiel économique au service d'une croissance partagée. En contribuant à l'accélération de la croissance de l'Afrique, la France y trouvera des sources additionnelles pour sa propre croissance», dira le ministre, qui n'a pas manqué de mettre l'accent sur l'importance «décisive» de l'investissement, tant public que privé, qui doit faire appel à «diverses modalités». M. Messahel termine sur deux conclusions : «La première est que l'Afrique présente un intérêt considérable pour la France de par ses ressources naturelles et humaines et son émergence comme nouveau pôle de croissance pour l'économie mondiale. La deuxième est que la France présente aussi un intérêt considérable pour l'Afrique par la disponibilité de filières technologiques et d'un savoir-faire d'une importance stratégique pour le développement.» Le FCE regarde vers l'Afrique À la veille du Forum franco-africain pour une croissance partagée, Ali Haddad, président du Forum des chefs d'entreprises, a offert, mercredi soir dernier à Paris, un dîner de contact et de travail à certains de ses homologues du continent. M. Haddad était entouré des de chefs d'entreprise de Tunisie, du Mali, du Bénin, du Sénégal, de la Maurétanie et de Madagascar. Les convives se sont exprimés sur l'état des relations entre leurs organisations et entre les économies et les entreprises de leurs pays. Mais il a été surtout question de l'avenir et des conditions à réunir pour développer les partenariats entre les entreprises algériennes et africaines. Ali Haddad a saisi cette opportunité pour inviter ses partenaires à assister au Forum algéro-africain qui aura lieu en juin à Alger et à être les promoteurs de cet événement auprès de leurs gouvernements et des entreprises de leurs pays, pour qu'ils soient présents en nombre à ce rendez-vous. Rencontre Fabius-Messahel En marge du Forum franco-africain pour une croissance partagée, Abdelkader Messahel a été reçu par le ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, Laurent Fabius. Les deux ministres ont fait un tour d'horizon sur les sujets d'intérêt commun, notamment sur les questions régionales et la lutte contre le terrorisme. M. Fabius a dans son agenda une visite à Alger fin avril ou début mai.