Dans le contexte énergétique national, caractérisé par une forte croissance de la consommation tirée, notamment, par le secteur domestique avec la construction de nouveaux logements, la réalisation d'infrastructures d'utilité publique et la relance de l'industrie, l'efficacité énergétique devrait jouer un rôle important. Le gouvernement, préoccupé par la chute brutale des prix du pétrole sur le marché mondial, y pense sérieusement. Il a ainsi procédé à actualiser le programme d'efficacité énergétique pour l'adopter ensuite. Le programme en question dans sa nouvelle version se focalisera ainsi sur les secteurs de consommation ayant un grand impact sur la demande d'énergie. Selon le ministère de l'Energie, les retombées économiques et sociales de l'intégration de la dimension efficacité énergétique dans les différents secteurs sont multiples. Cette intégration permet d'améliorer le cadre de vie du citoyen et constitue une réponse appropriée au défi de conservation de l'énergie avec ses implications bénéfiques sur l'économie nationale, en termes de création d'emplois et de richesse, en plus de la préservation de l'environnement. Quels sont les secteurs ciblés ? Le programme d'efficacité énergétique se focalise sur les secteurs de consommation qui ont un impact significatif sur la demande d'énergie, dont essentiellement le bâtiment, le transport et l'industrie. S'agissant du bâtiment, le programme vise à encourager la mise en œuvre de pratiques et technologies innovantes autour de l'isolation thermique des constructions. Il s'agira aussi de favoriser l'introduction massive des équipements et appareils performants sur le marché local, notamment les chauffe-eau solaires et les lampes économiques, avec l'objectif d'améliorer le confort intérieur des logements en utilisant moins d'énergie. Globalement, c'est plus de 30 millions de tonnes équivalents pétrole (TEP) qui seront économisées d'ici 2030, selon le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi. Pour le secteur des transports, le programme vise à promouvoir les carburants les plus disponibles et les moins polluants, en l'occurrence, le GPLc et le GNc, l'objectif étant d'enrichir la structure de l'offre de carburants et de contribuer à réduire la part du gasoil, en plus des retombées bénéfiques sur la santé et l'environnement. Ceci se traduirait par une économie, d'ici 2030, de plus de 15 millions de TEP. Dans le secteur de l'industrie, le programme vise à amener les industriels à plus de sobriété dans leur consommation énergétique dans le sens où l'industrie représente un enjeu pour la maîtrise de l'énergie du fait que sa consommation énergétique est appelée à s'accroître à la faveur de la relance de ce secteur. Pour ce secteur, ce sont plus de 34 millions de TEP qui seront économisées, selon M. Yousfi. La concrétisation du Programme national d'efficacité énergétique permettra de réduire graduellement la croissance de la demande énergétique : les économies d'énergie cumulées engrangées seraient de l'ordre 93 millions de TEP, dont 63 millions de TEP d'ici 2030 et le reste au-delà de cet horizon. Il est utile de signaler, à ce titre, que la moyenne de consommation d'énergie de l'Algérien est le triple de la moyenne individuelle mondiale. La consommation de gaz en Algérie, à titre d'exemple représente près de 34% de la consommation globale d'énergie, au moment où la moyenne mondiale ne dépasse pas 22% Augmenter les tarifs pour enrayer la forte consommation d'énergie Les spécialistes en questions énergétiques pensent que le seul et unique moyen d'enrayer la forte consommation d'énergie est d'augmenter les tarifs de l'électricité et du gaz. Or, actuellement, les prix pratiqués sont bien plus bas que ceux pratiqués dans la plupart des pays, selon ces spécialises. Des prix bas qui encouragent, d'après eux, le gaspillage de l'énergie. Pour appuyer leurs propos, ces spécialises précisent qu'un litre d'essence coûte 0,21 euro contre 1,8 euro en Europe, 1,05 au Maroc et 0,75 euro en Tunisie. Le prix du gasoil est bradé à 0,11 euro contre 1 euro au Maroc et 1,5 euro en Europe. S'agissant de l'énergie électrique, elle se vend à 4 DA/kilowatt/heure, alors que sa production coûte beaucoup plus chère. L'Algérie est ainsi l'un des rares pays où l'énergie n'est pas chère. Selon ces spécialistes, «sous prétexte de préserver la paix sociale, l'Etat maintient des tarifs artificiellement bas qui rendent impossible et inopérante toute mesure de rationalisation de la consommation et conduisent à consacrer une proportion considérable et croissante des ressources fossiles du pays à la consommation des ménages». Le ministre de l'Energie reconnaît, lui, que les tarifs actuels sont politiques, mais qu'à terme, les citoyens devront participer à la facture énergétique. Selon M. Yousfi, cela se fera de manière progressive à mesure que le pouvoir d'achat s'améliore. Ainsi, dans l'immédiat, pas de décision en faveur d'une augmentation des tarifs de l'électricité et du gaz, mais le ministre de l'Energie n'exclut pas une telle décision à long terme. B. A.