L'Union européenne (UE) demeure le principal partenaire de l'Algérie dans le commerce extérieur. En 2014, les échanges commerciaux entre l'Algérie et l'UE ont été estimés à 70,72 milliards de dollars, soit 57,72% des échanges globaux (121,28 mds usd), selon le Centre national de l'informatique et des statistiques des Douanes (Cnis). «L'essentiel des échanges extérieurs de l'Algérie reste toujours polarisé sur nos partenaires traditionnels», souligne le Cnis qui relève que les pays de l'UE sont les principaux partenaires du pays à hauteur de 50,56% des importations algériennes et de 64,36% des exportations algériennes. Mais, aujourd'hui, l'Algérie veut s'orienter vers l'Afrique, d'autant que le marché européen dispose d'un certain nombre de réglementations et normes considérées comme des barrières par nos opérateurs économiques. Le ministre du Commerce, Amara Benyounès, dans un entretien accordé au magazine européen bimensuel The Parliament Magazine est revenu sur ces barrières. Il a ainsi fait part des facteurs internes et externes qui découragent et freinent nos exportateurs. Ainsi, outre les «facteurs internes liés à l'offre», M. Benyounès a soulevé les «facteurs externes» liés à «des conditions techniques et réglementaires d'accès au marché européen qui restent exigeantes et difficilement maîtrisables par les opérateurs économiques algériens». Selon le premier responsable du secteur, l'Accord d'association Algérie-UE, en vigueur depuis près de 10 ans, a été marqué par le «déséquilibre structurel de la balance commerciale hors hydrocarbures» de l'Algérie en faveur de l'Union européenne. «L'Accord n'a pas eu l'effet escompté de promouvoir les exportations hors hydrocarbures et d'attirer les investissements directs étrangers (IDE)», selon Mr. Benyounès, lequel estime que depuis l'entrée en vigueur de cet Accord, en 2005, l'UE a consolidé sa part de marché dans les importations algériennes, qui atteignent une moyenne annuelle de 52%. Aujourd'hui, dans le contexte économique actuel caractérisé par la chute brutale des prix du pétrole, l'Algérie affiche un nouveau dynamisme dans sa politique économique axée, essentiellement, sur l'investissement économique en Afrique. L'intérêt de l'Algérie pour le continent a été davantage renforcé, avec pour objectif de trouver pour les investisseurs algériens des marchés alternatifs qui leur permettent de faire face à l'inaccessibilité du marché européen. Ce nouveau dynamisme s'est traduit par la signature de plusieurs accords de coopération, à l'issue de la succession des visites officielles en Algérie des chefs d'Etat africains à l'image du Sénégalais MackySall, du Tchadien Idriss Deby Itno, du Nigérien Mahamadou Issoufou et du Béninois Thomas Boni Yayi. Alger abritera le Forum économique algéro-africain avant fin 2015 Ainsi, pour permettre aux entreprises algériennes d'exporter vers l'Afrique, il est prévu l'organisation à Alger d'un séminaire économique algéro-africain à la fin de l'année en cours. Ce forum sera ainsi l'occasion de définir les modalités d'exportation et d'installation des entreprises nationales dans ce continent en pleine expansion. C'est dans cet esprit que «nous œuvrons à réunir cette année toutes les conditions nécessaires à la tenue du forum économique algéro-africain avant fin 2015», indique le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb qui trouve qu'il est important dans le contexte actuel que «les pays du Sud, spécifiquement l'Afrique, renforcent leurs relations pour augmenter leur chances de développer leurs pays». Le ministre du Commerce a, pour sa part, mis l'accent sur l'importance de ce forum, et ce, lors d'une rencontre regroupant des cadres de son département, le patronat et l'Ugta. Durant cette rencontre, M. Benyounès a ainsi appelé les opérateurs économiques à saisir l'occasion de la tenue de ce forum pour se déployer à travers les marchés du continent. Ali Haddad, le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), en marge du sommet franco-africain tenue en février dernier, a, quant à lui, invité les patrons africains à discuter de partenariats entre les entreprises algériennes et africaines. Toutefois, certains experts estiment que beaucoup de pays africains présentent encore un risque en matière de capacités de paiement. Autrement dit, les importateurs de certains pays d'Afrique, notamment subsaharienne ne sont pas en mesure de présenter les preuves de solvabilité en matière de crédits bancaires. Malgré cela, préconisent-ils, ces marchés doivent, être fidélisés pour des raisons de proximité. «Nous devons nous orienter vers les pays frontaliers, où la logistique de transport est moins contraignante, notamment en concluant des accords préférentiels avec ces pays-là», préconisent ces experts, d'autant que beaucoup de pays africains ne cessent d'exprimer leur vif intérêt pour les produits algériens. B. A.