Plus de 35 années de coopération avec les pays européens. Quel bilan et quels enseignements peut-on en tirer en particulier après l'entrée en vigueur en 2005 de l'accord d'association entre l'Algérie et l'UE ? Qui bénéficie le plus de cet accord annoncé en grande pompe par la partie algérienne avant de déchanter quelques mois plus tard ? L'UE, qui ressasse à chaque occasion que son objectif est d'arriver à une coopération mutuellement bénéfique avec l'Algérie, a-t-elle profité du manque d'expérience ou de "l'amateurisme" de certains négociateurs algériens pour tirer le plus grand bénéfice de l'accord d'association ? C'est à cette question qu'a répondu le ministre du Commerce, Amara Benyounès. Ainsi, pour le ministre, l'accord d'association Algérie-UE n'a pas eu l'effet escompté de promouvoir les exportations hors-hydrocarbures et d'attirer les investissements étrangers. M. Benyounès, qui s'exprimait dans un entretien accordé à une revue du Parlement européen, a précisé que près de dix (10) années après son entrée en vigueur, l'accord d'association Algérie-UE "n'a pas eu l'effet escompté, celui de promouvoir les exportations hors hydrocarbures et d'attirer les investissements directs étrangers (IDE), qui constituent pour l'Algérie deux objectifs motivant la conclusion de tout accord de libre-échange", a relevé le ministre dans cette interview parue dans le dernier numéro de "The Parliament Magazine". Pour M. Benyounès, trois faits majeurs ont marqué les échanges commerciaux algériens avec l'UE depuis la mise en oeuvre de l'accord en 2005. Il s'agit, selon lui, d'un "déséquilibre structurel" de la balance commerciale hors-hydrocarbures en faveur de l'UE avec un attrait "timide" des IDE européens, notamment ceux orientés vers l'exportation dans les branches industrielles et filières agroalimentaires. Il a, ainsi, constaté que l'UE consolidait, depuis l'entrée en vigueur de cet accord, sa part du marché dans les importations algériennes, soit 52% en moyenne annuelle, et ce, malgré la concurrence ardue des produits du reste du monde. Pour le ministre, une "analyse approfondie" est nécessaire pour dégager une "démarche cohérente et de rigueur" afin de faire évoluer cet accord vers un accord dynamique reflétant les objectifs de la politique économique algérienne. En 2013, l'Algérie a importé auprès de l'UE pour 28,5 milliards de dollars et exporté pour 42,7 milliards de dollars. Concernant les exportations hors-hydrocarbures, le montant est passé de 552 millions de dollars en 2005 à 1,5 milliard de dollars en 2013, et sont constituées essentiellement des produits dérivés des mines et de l'énergie. M. Benyounès a considéré que les multiples facteurs à l'origine de ce bilan étaient "endogènes et exogènes". Tout en admettant que les facteurs internes sont liés à l'offre, il a, cependant, souligné que des facteurs externes "découragent" et, parfois, "freinent" les exportations algériennes. Ces facteurs se résument notamment dans les conditions techniques et réglementaires "de plus en plus exigeantes et difficilement maîtrisables" par les opérateurs économiques algériens pour accéder au marché européen, ainsi que dans l'absence de connexion entre les PME algériennes et européennes pour favoriser les exportations. Il s'agit aussi du manque d'investissements européens tournés vers l'exportation à destination du marché européen ou de proximité et, également, de l'érosion des préférences accordées par l'UE à l'Algérie dans le cadre des accords de libre-échange conclus par l'UE. Le ministre a jugé que compte tenu de tous ces éléments et de la dynamique que connaît l'économie algérienne depuis une décennie, l'accord d'association, signé en décembre 2001, ne reflète plus les données économiques internes et le contexte économique régional et mondial.