Hier a été entamée la procédure pour que le procès Sonatrach1 se tienne et que des «pontes» de l'entreprise soient jugés. Le 25 de ce mois s'ouvrira également le procès dit de l'autoroute Est-Ouest. Et d'autres procès suivront concernant des faits de corruption et de dilapidation de biens publics. La justice se veut implacable ou du moins c'est ce que les citoyens attendent. Une justice qui ne s'en prend pas uniquement aux lampistes. Les procès qui s'annoncent ne doivent pas servir d'exutoire dans une société où les différences de revenus ne font que s'accentuer. La justice devra être exemplaire et ne devra pas condamner des innocents au motif qu'ils furent puissants. Elle ne devra pas non plus les innocenter pour des motifs qui ne sont pas liés à l'affaire jugée. Cette justice est fortement attendue par les Algériens. Les différentes réformes initiées par le président Bouteflika devraient commencer à porter leurs fruits. Les citoyens attendent une justice qui rend ses jugements en toute indépendance. Cette justice est devenue une nécessité au regard de l'évolution de la société, de la dégradation de la morale sociale et de la propagation de toutes les violences. En rendant leurs verdicts au nom du peuple, les magistrats doivent faire en sorte qu'ils soient le plus près d'une justice acceptée par tous et pour tous. Cette justice attendue sera l'un des premiers pas vers un renouvellement du contrat social. Elle sera également un des premiers pas vers le retour à la confiance entre administrés et administration. L'enjeu de ces procès n'est pas dans la condamnation de tel ou tel. L'enjeu est, à la limite, bien plus important que le sort des personnes même si la privation de la liberté n'est pas une chose anodine. Le déficit de confiance dans la parole publique et la croyance, bien ancrée, que la justice ne sert que les puissants sont les deux principales plaies de l'Algérie. Ces procès en cascade devraient permettre aux citoyens de se dire qu'il n'y a pas que les blogueurs et les militants qui ont droit à la prison. Ils devraient également leur permettre de reprendre confiance dans la parole publique. Ils pourraient également se mettre à ne plus croire aux rumeurs. Des rumeurs qui prêtent des pouvoirs exorbitants à certaines femmes et hommes publics. La vie publique a besoin d'être assainie. Cela passe par une plus grande crédibilité des femmes et des hommes politiques. Cela passe aussi par une administration qui est au service des administrés et non l'inverse. Comme cela passe par une justice qui protège le faible face au fort. La paix, la redistribution des fruits de la croissance et une justice impartiale sont les ciments d'une Nation. Elles sont nécessaires pour que la stabilité interne règne. Elles sont également nécessaires pour le renforcement du front interne. Le sentiment d'abandon de certaines franges de la population provient d'une injustice. Une injustice liée au manque de développement, à un sentiment né d'une absence de vision, d'un manque de connaissance des besoins nés en même temps que le développement des nouvelles technologies de l'information et de la facilité avec laquelle les gens communiquent. La justice sociale comme la justice sont deux éléments qui font que les citoyens se sentent égaux en devoir et en droit. C'est en cela que ces procès sont importants. A. E.