En réalité, professionnels, les footballeurs algériens l'étaient déjà comme l'étaient forcément leur contournement des règles administratives qui les obligeraient, et pas seulement eux également et surtout la direction du club dans lequel ils évoluent, à s'acquitter de leur dû auprès des organismes sociaux et fiscaux. Mais dans le même sillage, pourrait-il leur être sérieusement fait grief sachant qu'ils sont allés et vont encore à bonne école, autrement dit des associations qui sont avant tout leurs employeurs, des employeurs réputés organisés du fait de leur statut de société sportive par actions et par voie de conséquence tout ce qui laisse entendre par respect des règles de gestion administratives, juridiques et comptables. Or, tout Algérien peut mettre en défi n'importe quelle association sportive de l'élite d'avoir une gestion orthodoxe et surtout une gestion de tous les jours transparentes. Les organismes sociaux (Cnas) et fiscaux (impôts) peuvent en témoigner mais ont quand même à leur charge cette incapacité administrative qui consiste à laisser en déshérence et dans la virtualité des millions de dinars pour des raisons opaques, même si le commun des mortels sait que c'est à la limite pour une raison d'Etat qu'il n'est recouru à aucun exercice coercitif qui inciterait les associations à s'acquitter de leurs dettes. Il serait ainsi malhonnête de faire reproche aux joueurs de ne pas payer lesdites charges. De toutes les manières et le procédé, s'il ne date pas de la nuit des temps, est également universel. C'est à l'employeur qu'il appartient de ponctionner, selon un taux prévu réglementairement, ce que l'on appelle la part ouvrière de cotisation sociale et de l'additionner à celle patronale au bénéfice des caisses sociales et par extension du Trésor public. Il existe des pays à économie ultra-capitalistique où l'employeur n'est pas tenu d'opérer de retenue à la source à son employé. Mais c'est là un débat idéologique de toute autre nature. Cette réalité dédouane de facto le footballeur professionnel et précise encore mieux les obligations de son employeur. Or, cet employeur sort paradoxalement blanchi à chaque fois et mieux encore impose sa conception des choses aux pouvoirs publics comme en a témoigné récemment la décision formellement exprimée par les présidents de clubs professionnels aux représentants du ministère de la Jeunesse consistant en leur catégorique refus de prendre en charge les...charges sociales pour la simple raison qu'officiellement les salaires sont réputés plafonnés à 1,2 million de dinars au moment où certains clubs versent allègrement à au moins un tiers de leur effectif une fois et demi ce seuil. Le manque à gagner serait dramatique pour le club. S'acquitter d'abord d'environ 40% de la masse salariale pour payer les charges sociale, ensuite de l'IRG et donner en dessous de table un salaire égal si ce n'est plus changerait dramatiquement la donne. Il y a quelques années, le directeur régional de la Cnas de Constantine avait pris la décision, respectant une instruction de la hiérarchie, de bloquer les comptes bancaires du Mouloudia de Constantine parce que l'ardoise du club concerné était plus qu'importante. Il fera rapidement marche arrière en raison du tollé soulevé mais également «d'un rappel à l'ordre vertement exprimé par sa tutelle», nous rapportera un dirigeant du club. Morale de l'histoire : tout le monde s'entend comme larrons en foire. Les joueurs font semblant de jouer, les clubs font semblant de les payer et les pouvoirs publics font semblant de tout contrôler. Chacune des parties sauve la face à sa manière. Tant que les contribuables jouent les lampistes, il n'y aucune raison de paniquer. A. L.