Saviez-vous que les clubs de football professionnel ne déclarent leurs joueurs à la Cnas qu'à hauteur de 120 000 dinars (12 millions de centimes) de salaire mensuel alors que le salaire moyen d'un joueur en Ligue 1 est de l'ordre de 1 500 000 dinars par mois ? Saviez-vous que la plupart de ces clubs ne sont pas affiliés à la Cnas et que ceux qui le sont ont eu l'audace de déclarer seulement 5 employés chez eux, oubliant au passage toute la cohorte de joueurs souvent payés au prix fort pour des prestations sur le terrain des compétitions en dessous de la moyenne en matière de qualité de jeu ? On en a entendu de belles lors de la journée d'information sur le football professionnel initiée lundi par le ministère des Sports, mais ce que l'on a retenu essentiellement c'est que les responsables des clubs ne semblent pas craindre du tout cette menace qui pèse sur eux de la part des organismes de la sécurité sociale. Ils le devraient, pourtant, parce que si ces organismes s'amusaient à leur demander de se mettre en règle avec eux, il leur faudra aligner, sur les chèques, plusieurs zéros après le premier chiffre ou carrément abandonner le milieu du football professionnel. Seuls l'USMA et le MCA jouent le jeu Dire que les clubs professionnels algériens jouent avec la protection sociale de leurs joueurs et de leurs ayants-droit, est aujourd'hui une vérité reconnue. Ce qui s'est dit lundi au cours de cette journée d'information témoigne de la grande négligence de ces clubs en ce domaine. Il y avait comme intervenants lors de cette réunion des cadres du ministère des Sports mais également le directeur général de la Cnas ainsi qu'un cadre du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, ce qui veut dire que les révélations qui ont été faites ne tiennent pas de la fabulation. Il y a 32 clubs de football professionnels. Sur ces 32 clubs, un seul a joué le jeu avec la Cnas en déclarant tous ses employés à la sécurité sociale depuis 2010, c'est-à-dire depuis le démarrage du professionnalisme. Ce club n'est autre que l'USM Alger mais il se trouve qu'il a stoppé ses déclarations (cela c'est le DG qui l'a annoncé) en 2013 après avoir subi des pressions de la part des autres clubs qui lui reprochaient de les «trahir» en quelque sorte. Un autre club s'est, lui, rallié aux dispositions de la loi et de la règlementation en s'affiliant à la Cnas pour déclarer ses employés. Il s'agit du Mouloudia d'Alger qui n'a commencé à le faire qu'à partir de 2013, à savoir au moment de sa prise en main par Sonatrach. Cela veut dire que si le MCA est en règle depuis 2013, il lui reste une énorme ardoise auprès de la sécurité sociale, ardoise concernant la période 201-2013 au cours de laquelle il avait ignoré l'organisme de la Cnas. Maintenant, il est vrai que des clubs se sont rapprochés de cette dernière pour s'acquitter de leurs obligations en matière de charges sociales. Mais, et cela c'est toujours le DG de la Cnas qui le dit, aucun ne s'est permis de faire des déclarations exactes. Dans la plupart des cas, les clubs en question ne déclarent que 5 employés pour un salaire individuel ne dépassant pas les 12 millions de centimes. C'est se moquer du monde quand on sait que les plus hauts salaires perçus en Algérie le sont par des joueurs de football. On comprend que ces clubs se plaignent de ne pas pouvoir boucler la boucle quant à leurs obligations sur toutes les charges fiscales et parafiscales faute de rentrées d'argent suffisantes mais personne ne leur a imposé d'aller à un si haut niveau en matière de salaires. Quand la FAF et la Ligue du football professionnel ont voulu les amener à plafonner ces salaires à hauteur de 120 millions de centimes par mois, ce sont les clubs qui ont dit non. Aujourd'hui avec la réalité de cette énorme ardoise vis-à-vis de la Cnas, ils se rendent compte du danger qui les guette. L'Etat est le socle du système Mais heureusement pour eux il y a l'Etat. Cet Etat qui leur consent des largesses incommensurables. Qu'on en juge. C'est lui qui cède à chacun de ces clubs une assiette de terrain sur laquelle il érigera à ses frais un centre d'entraînement. C'est lui qui prend en charge, à hauteur de 50%, les frais de déplacement des clubs professionnels en championnat et ceux des clubs engagés en compétitions internationales étant entendu que celui qui atteint la finale d'une de ces compétitions sera totalement remboursé de ce qu'il a engagé comme frais depuis le démarrage de la compétition en question. C'est lui qui prend en charge les déplacements des équipes de jeunes de chacun de ces clubs sur tout le territoire national. C'est lui qui paye les entraîneurs de ces équipes de jeunes. C'est lui qui consent, au titre de fonds de roulement, une aide financière de 25 millions de dinars par an à chacun de ces clubs. Il ne s'agit là que de mesures parmi tant d'autres arrêtées par le gouvernement actuel, sachant que le chef de l'Etat en personne, est intervenu dans ce dossier sur le professionnalisme en demandant une aide maximale aux clubs à la condition qu'ils jouent le jeu dans leur mission éducative et formatrice. Il n'est pas courant que l'Etat aide des sociétés commerciales privées mais pour le football il le fait car il s'agit d'un sport dont le rôle social est essentiel. Avec tout ça, il se permet d'aider ces clubs à se mettre en règle avec la Cnas. En leur demandant d'aller s'affilier et de déclarer tous leurs employés à partir de maintenant et de le faire à une hauteur maximale de 15 fois le SNMG, ce qui représente un salaire de 27 millions de centimes par mois, une somme dérisoire compte tenu de ce que touche un footballeur professionnel. Pour ce qui est du reliquat des années antérieures, l'Etat et la Cnas sont prêts à effacer l'ardoise en matière de pénalités de retard et à négocier pour un échéancier le plus large et le plus favorable possible pour le paiement des dettes. Ils sont même prêts à réduire le taux des charges patronales. Voilà de quoi donner à réfléchir aux responsables des clubs professionnels qui doivent savoir qu'un club de football professionnel est une société créatrice de spectacle. S'ils veulent amener des investisseurs ils se doivent d'améliorer le spectacle que leurs équipes donnent sur les terrains mais aussi qu'ils diminuent les actes de violence. Le football génère des profits à la condition qu'il soit bien géré. Le spectacle qu'il offre fait entrer des recettes aux stades et offre des perspectives en matière de marketing, de merchandising (vente de produits dérivés), de droits de publicité et de télévision et de sponsoring. Continuer à jouer aux assistés ne fait qu'entraîner les clubs vers une voie sans issue qui les obligera à jeter l'éponge.