Il y a deux ans, les services de la Caisse nationale de sécurité sociale de Constantine décidaient de faire opposition sur le compte bancaire du Mouloudia local au motif que l'administration du club ne s'est pas acquittée des redevances sociales des salariés du club en l'occurrence les footballeurs. Bien entendu, cette démarche est des plus logiques et répond même aux principes de bonne gestion. À l'époque, semblerait-il, un organe des instances sportives nationales aurait intercédé auprès de la direction générale pour que soit trouvé une solution intermédiaire en attendant que la situation ait à connaître une sérieuse étude puisque le cas du MOC n'est pas isolé. Loin s'en faut sachant que seul une douzaine d'associations s'acquitte à ce jour des cotisations sociales. Ce qui précède nous conduit alors à poser la question suivante : feu Ebossé était-il assuré ? Une réponse affirmative ne pourrait qu'être réconfortante dans la mesure où elle permettrait au minimum pour l'Algérie en général et pour la JS Kabylie en particulier d'avoir bonne conscience en ce sens que l'avenir immédiat et même à long terme de son épouse et de sa petite fille serait plus ou moins sécurisé grâce à la pension qu'obligatoirement devrait leur verser la Cnas comme il est habituellement fait pour tous types de salariés. Le cas d'Ebossé est encore plus spécifique, celui-ci était décédé dans des conditions particulières. Autrement dit au moment où il accomplissait son travail. En plus clair, il est mort dans ce qui ressemble à 1 000% à un accident de travail. Ce qui, passez-nous l'expression, a l'avantage... d'avantager le salarié concerné ou en l'occurrence ses ayants droits. En l'espèce son épouse, sa fille, mais également ses parents dans le cas où ils seraient sans ressources. Quoiqu'il en soit, le capital-décès dans ce cas de figure est octroyé sans conditions. Sauf que la question taraudante revient à chaque fois : Ebossé était-il assuré ? Qu'il ne l'ait pas été, cela ne poserait pas outre-mesure un problème sachant que le club, la Ligue de football professionnel (LFP), la Fédération algérienne de football (FAF), voire le ministère des Sports, s'arrangeront pour que le miracle ait lieu et que finalement la situation du défunt soit postérieurement régularisée, comme c'est un peu le cas à travers toute l'Algérie, ses entreprises et plus particulièrement ses chantiers de travaux publics et du bâtiment où presque quotidiennement meurt au moins un salarié non déclaré, mais dont la situation est régularisée ipso-facto pour la simple raison que les sanctions administratives, voire pénales, sont d'une grande gravité pour l'employeur. Ebossé était un salarié étranger. Il existe une loi précise pour les travailleurs étrangers où il est souligné que ces derniers, parce qu'ils répondent aux mêmes obligations que les salariés nationaux, disposent également des mêmes droits. L'essentiel est d'espérer qu'il n'y ait pas d'affaire Ebossé par la suite. Dans la foulée, ce triste incident devrait inciter et même obliger les responsables à hauteur des instances sportives nationales, toutes natures confondues, à installer pour une fois des mécanismes et des procédures à même de parer à toute éventualité à venir et surtout de se mettre en règle non seulement avec les règlements nationaux, internationaux et plus particulièrement la morale et les principes humanitaires. Ebossé était l'hôte de l'Algérie et s'y trouvait pour gagner sa vie parce que des conditions particulières l'y obligeaient. Ce que l'Algérie dénonce pour ses citoyens se trouvant à l'étranger dès qu'il leur est fait grief doit également être dénoncé pour ce qui est arrivé au joueur décédé de la JS Kabylie. Il n'en demeure toutefois pas désolant et navrant que le syndicat ex-nihilo des footballeurs professionnels se batte contre une mesure qui tente de mettre fin à un système salarial indécent au motif que la précarité est le plus grand écueil que rencontre les footballeurs alors que le porte-parole dudit syndicat ne semble pas avoir assez de jugeote pour saisir toute l'importance d'une couverture sociale d'une part et du respect qu'un salarié doit à l'Etat en payant ses impôts en l'occurrence l'IRG. Mais une telle réflexion exige une certaine culture que n'a malheureusement pas une grande partie des footballeurs algériens. A. L.