Merzak Meneceur Pourquoi un avion «techniquement irréprochable», selon la Lufthansa, la compagnie mère, assurant la liaison Barcelone-Düsseldorf, qui vole en altitude de croisière à presque 11 000 m, chute brutalement de 8 000 m en 8 minutes pour percuter une montagne à la vitesse terrible de 700 km/h sans lancer le moindre appel de détresse ? La réponse à cette question est centrale pour le Bureau français d'enquête et d'analyse(BEA) qui a pris en main le dossier du crash de l'A 320 de la compagnie aérienne allemande lowcost Germanwings, qui s'est littéralement pulvérisé mardi en une multitude de petits morceaux dans les Alpes, sans aucune chance de survie des 144 passagers et 6 membres de l'équipage. La mise à jour provisoire de la liste des victimes faisait état, hier après-midi, de 72 allemands, 51 espagnols, 1 ou 2 marocains, ce serait un jeune couple qui s'est marié samedi, 2 iraniens, 3 japonais, 1 colombien, 1 vénézuélien, 2 américains et 1 belge. «Quand on va sur un crash d'avion, on s'attend à reconnaître des parties de carlingues, là on ne voit rien du tout», a déclaré un pilote de la sécurité civile et coordinateur des moyens aériens. Cette catastrophe aérienne, la plus grave en France depuis 2000 avec l'explosion du Concorde peu après son décollage de Paris-Roissy, mobilise d'énormes moyens de recherches : pompiers, secouristes de hautes montagnes et hélicoptères. 14 magistrats et 200 gendarmes sont mobilisés pour l'enquête. Le procureur de la République de Marseille a indiqué qu'il faudrait «des jours» pour récupérer les corps et «plusieurs semaines pour procéder à leur identification ADN». Dans le malheur, les enquêteurs ont eu la chance de trouver dès mardi matin une des deux boîtes noires, l'enregistreuse des voix et sons, indispensables pour comprendre les raisons du crash aérien. Immédiatement envoyée à Paris, le BEA a fait une première exploitation de son disque dur et devait donner un point de presse hier à 16h30 pour communiquer ses premières indications. Mais ce point de presse a été sans cesse retardé. Hier après-midi, le président français, François Hollande, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le chef de gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, se sont rendus sur les lieux du crash, dans cette région isolée des Alpes du sud. Ils ont survolé la zone de la catastrophe avant de rencontrer des secouristes et donner une conférence de presse. M. M.