Le film Opération Maillot, une fiction dédiée à Henri Maillot, militant de la cause algérienne et combattant qui a donné sa vie pour l'indépendance de l'Algérie, tombé au champ d'honneur les armes à la main en 1956, est en cours d'achèvement et sera prêt dans les tous prochains mois, a affirmé à l'APS le producteur exécutif Yacine Laaloui de Leith Media. Retenu depuis 2012 au programme «Cinéma» du ministère de la Culture pour la célébration du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, Opération Maillot est la première fiction réalisée sur le parcours d'un combattant algérien d'origine européenne. Le film, dont le scénario est co-écrit par le réalisateur Okacha Touita et la scénariste française Nadia Char, est actuellement en phase finale de post-production et sera prêt dans moins de trois mois, a indiqué M. Laloui. Né le 11 janvier 1928 à Alger, Henri Maillot a grandi à Clos Salembier (El Madania actuellement). Il rejoint très tôt le PCA (Parti communiste algérien), après avoir été secrétaire général de l'Union de la jeunesse démocratique algérienne (Ujda), une organisation démocratique mixte. Début 1956, les armes manquent cruellement à l'ALN (Armée de libération nationale) dans les maquis. Avec l'accord du PCA, Henri Maillot, alors sous-officier dans les rangs de l'armée française, détourne le 4 avril un camion d'armes et de munitions, avant de rejoindre un mois plus tard le maquis dans les monts de l'Ouarsenis. Avec un petit groupe, il met sur pied les CDL (Combattants de la libération) de l'Ouarsenis qui devait constituer, avec d'autres groupes de Tlemcen et des Aurès, les premiers noyaux de maquisards communistes. Après plusieurs attentats et opérations de sabotage, Maillot et ses compagnons sont accrochés par les harkas du bachaga Boualem. «L'aspirant félon», ainsi qu'on le surnommait, tombe au champ d'honneur le 5 juin 1956 dans la forêt de Beni-Boudouane, du côté de l'actuel Chlef. Son corps, criblé de balles, sera exposé pendant de longues heures sur la place de la petite localité de Lamartine (El Karimia aujourd'hui). Dans une lettre adressée à la presse et publiée par des journaux parisiens Maillot affirmait : «Je ne suis pas musulman, mais Algérien d'origine européenne. Je considère l'Algérie comme ma patrie (et) je dois avoir à son égard les mêmes devoirs que tous ses fils. En livrant aux combattants algériens les armes dont ils ont besoin pour le combat libérateur (...), j'ai conscience d'avoir servi les intérêts de mon pays et de mon peuple.» Mais malgré ces mots, ce n'est qu'en 1986, près d'un quart de siècle après l'indépendance, que Henri Maillot sera reconnu comme membre de l'ALN. Ses compagnons d'armes et nombre de ses compatriotes d'aujourd'hui regrettent qu'aucune rue d'Alger, ou d'ailleurs en Algérie, ne porte à ce jour son nom. W. S. M./APS