Tension diplomatique entre l'Arabie saoudite et l'Algérie. Même si aucune déclaration officielle n'est venue, de part et d'autre, corroborer le fait, des signes évidents montrent qu'il y a de l'eau dans le gaz entre Riyad et Alger. Autant de symptômes d'un conflit larvé. Premier de ces signes concrets, le blocage à Djeddah de 250 Algériens depuis vendredi et dont le rapatriement est en cours. Autre signe, l'interdiction aux équipages d'Air Algérie de descendre de leur appareil et de passer la nuit à Djeddah. De même, la fermeture de l'espace aérien saoudien aux appareils civils ou militaires portant pavillon algérien. Désormais, et jusqu'à nouvel ordre, les avions d'Air Algérie devront contourner l'Arabie saoudite pour joindre Dubaï. A la base de cette crise d'urticaire saoudienne, le courroux de ses dirigeants provoqué par l'audacieuse et fructueuse opération d'exfiltration vers l'Algérie, en pleine guerre aérienne contre le Yémen, de 230 ressortissants maghrébins, dont 160 Algériens, et d'un Palestinien. Opération parfaitement coordonnée entre la présidence de la République et les ministères de la Défense et des Affaires étrangères à Alger. Opération d'autant plus compliquée à réaliser qu'aucun navire algérien n'était dans les parages. S'ajoute aux difficultés de toutes sortes, l'inexistence d'une ligne aérienne Alger-Sanaa. L'obstacle majeur devant cette entreprise fut notamment le survol et l'atterrissage en zone de guerre. Avec plus d'une centaine de chasseurs saturant l'espace aérien et une rébellion qui dispose de missiles anti-aériens. On le comprend donc, l'Arabie saoudite qui a réussi à agréger autour d'elle la grande majorité des pays arabes dans sa guerre coloniale au Yémen, a eu du mal à accepter l'attitude courageuse et souveraine d'Alger, perçue comme un défi. Et, cerise outrecuidante sur le gâteau diplomatique, l'Algérie refuse de participer à cette agression, arguments diplomatiques et géopolitiques implacables à l'appui. Mieux encore, elle propose une alternative pacifique pour le règlement du conflit. C'en était de trop pour des Saoudiens belliqueux, obsédés par leur rivalité idéologique avec le chiisme et l'Iran. Et pour corser le tout, l'Algérie a accueilli avec un dédain souverain la proposition égyptienne de créer une force militaire arabe pour «lutter contre le terrorisme». Ce refus d'obtempérer à une insoutenable proposition guerrière, a été très mal ressenti par l'axe Riyad-Le Caire. Un non clair, car de principe, et qui a sonné comme un véritable affront. Aujourd'hui, la vive tension qui a accompagné l'opération refusée initialement par Ryad, a baissé d'intensité. Mais l'Arabie saoudite maintient sa pression sur l'Algérie. Air Algérie n'est à ce jour pas autorisée à survoler l'espace aérien saoudien, hormis la desserte de Djeddah qui est maintenue, avec toutefois l'interdiction aux équipages de passer la nuit sur place. Les formalités prennent inexplicablement des heures interminables. Ce qui explique les difficultés de la compagnie nationale pour rapatrier nos compatriotes bloqués à Djeddah. N. K.