Une soixantaine d'usines, installées dans la zone industrielle de Hassi Ameur, déversent des masses importantes de produits polluants en pleine nature. Ce constat, établi depuis plusieurs années, demeure toujours d'actualité malgré la décision annoncée des autorités locales de lancer un programme de réalisation de centres spécialisés dans la lutte contre les effets de la pollution, soit des déchetteries et des stations de transfert des produits pollueurs. «Jusqu'ici, les industriels ne semblent pas s'en soucier et continuent de pollution notre vie», notent avec beaucoup d'angoisse les habitants de la localité. L'absence de réseaux d'assainissement et le rejet des déchets industriels sans aucun traitement constituent un vecteur de maladies qui peuvent avoir une importante incidence sur la mortalité. Selon les spécialistes «8 à 10% des villages avoisinant des décharges et des pools de pollution industrielle présentent 4 fois plus de rhinite et d'asthme, en 2005, que pendant les années 1960 et les cas d'urgences cardiorespiratoires (asthme, difficultés respiratoires…) sont en constante augmentation, durant toute l'année, dans les services d'urgences. L'incidence du cancer du poumon est estimée à 25 cas pour 1 000 000 habitants avec une augmentation de 50% du nombre de cas en moins de 20 ans». Bref, un impact sanitaire des plus sérieux sur les populations voisines des zones industrielles. Cette situation a fait réagir le premier responsable de l'exécutif d'Oran qui, au début du mois, s'est emporté sur les ondes d'El Bahia contre ces entreprises polluantes de Hassi Ameur : «Elle doivent se conformer aux mesures environnementales, prescrites par le ministère du Tourisme et de l'Environnement. Autrement, elles seront carrément fermées.» Une exhortation qui ne semble pas émouvoir outre mesure les plus sceptiques des habitants de Hassi Ameur : «Cet état de fait dure depuis longtemps et rien n'a jamais changé pour nous, disent- ils. Ce constat a été fait plusieurs fois par toutes les autorités, mais aucune mesure concrète n'a jamais été prise, sans doute parce que ces entreprises génèrent des bénéfices.» D'autres, toutefois, ont bon espoir de voir des changements intervenir. «Principalement parce qu'Oran est de plus en plus médiatisée et que les pouvoirs publics n'ont aucun intérêt à ce que pareille menace plane sur les habitants. Ce serait très mauvais pour l'image de marque de la ville», explique notamment un habitant de Hassi Ameur. Et d'ajouter : «La question de l'environnement est prise de plus en plus au sérieux partout dans le monde et Oran ne peut pas y échapper. Un jour ou l'autre, la situation changera !» En attendant, au péril de leur vie, les milliers d'habitants de la localité de Hassi Ameur, tout comme ceux de bien d'autres localités oranaises, doivent supporter les dangereuses émanations toxiques et rejets dangereux d'entreprises peu scrupuleuses.