Un nombre de 940 000 personnes recensées à travers les 14 communes de la wilaya les plus polluées subissent les effets de la pollution atmosphérique à grande échelle. L'occupation au kilomètre carré étant de l'ordre de 1 148 personnes, il est à craindre une catastrophe écologique dont serait victime une partie de la population, notamment au niveau des communes où sont implantées la plupart des unités industrielles qui occupent une superficie de 815 kilomètres carrés. Une quantité (annuelle) de 70 tonnes de déchets médicaux et de 10 tonnes de produits chimiques est déversée quotidiennement dans la nature par des industriels inconscients ou irresponsables. “Cette région est particulièrement menacée par la pollution car les risques de propagation y sont réunis, compte tenu de la proximité des unités de fabrication et des usines implantées de façon anarchique. Nous craignons pour la santé des habitants des communes qui paient à présent le prix fort de cette pollution”, affirme un responsable d'une association écologique. Classée comme zone difficile, la façade est de la ville d'Oran est perçue par les spécialistes de la pollution comme un problème majeur qui nécessite une prise en charge urgente. Les localités de Canastel, douar Belgaïd, Bir El Djir, Es Sénia et de Hassi Ameur constituent une préoccupation pour les organisations écologiques qui militent en faveur d'un environnement saint, entièrement débarrassé des effets polluants. “Cette zone à l'intérieur du tissu urbain compte à elle seule plus de 70 usines pollueuses qui déversent à longueur d'année des masses importantes de produits chimiques. Cette situation, qui a fini par se répercuter négativement sur les habitations implantées dans ces communes, s'explique par une mauvaise gestion de l'espace environnemental”, affirme notre interlocuteur. Et d'ajouter : “L'absence des réseaux d'assainissement ajoutée aux déchets industriels (liquides et bruts) qui ne subissent aucun traitement antiseptique sont un vecteur de maladies pathogènes par excellence, dès lors que les pouvoirs publics semblent se désintéresser d'un secteur aussi névralgique. Au niveau de Chtaïbo et d'Es Sénia, les éléments polluants peuvent être de différentes natures. Il peut s'agir de gaz ou de particules ayant des propriétés irritantes pour l'appareil respiratoire. Les conséquence vont d'une baisse de la capacité respiratoire à une incidence sur la mortalité à plus ou moins long terme. Une étude sur les localités pétrochimiques les plus polluées de la wilaya d'Oran indique que les enfants résidant dans les zones exposées aux taux les plus élèves de microparticules ont une fonction respiratoire moins bonne. C'est le cas de ces deux zones industrielles. Le plus grand danger auquel sont confrontées les zones industrielles réside dans l'accumulation, au fil des années, des produits chimiques qui stagnent dangereusement sous terre, une situation dangereuse qui pourrait hâter la disparition prématurée de plusieurs espèces de plantes.” Les responsables locaux et centraux sont conscients de cette situation qui exige des mesures draconiennes pour éviter à la terre cultivable une toxicité accrue. Des quantités de produits chimiques sont ainsi déversées illégalement par les entreprises et même par quelques services relevant du CHU d'Oran. Pourtant interdites par la législation algérienne, les opérations de rejets de déchets chimiques et médicaux ont fini par provoquer des dérèglements écologiques perceptibles au niveau d'El Kerma et de la Sebkha d'Oran. Dans cette partie de la ville, une bonne portion de la terre a rétréci comme une peau de chagrin. Les anciens vergers où poussaient quelques arbres fruitiers et des produits maraîchers ont disparu de la nature depuis longtemps. K. REGGUIED-YSSAAD