Les musées s'occupent des bien culturels de l'humanité, les collectionnent et les interprètent pour le public. La législation internationale leur confère un statut particulier et les lois nationales assurent leur protection. Les musées jouent un rôle déterminant dans la définition et la sauvegarde de l'identité culturelle, tant à l'échelon national qu'international. La protection et la promotion du patrimoine, de manière générale, est indissociable de l'activité muséale. C'est pourquoi le musée a le précieux devoir de développer son rôle éducatif et d'attirer à lui le plus vaste public possible. Pour cela, l'institution muséale doit toujours rechercher l'excellence dans la prestation de services à ses nombreux publics : écoliers, étudiants, visiteurs de proximité, touristes nationaux et internationaux, chercheurs et spécialistes. L'interaction avec la communauté locale et son environnement immédiat fait partie intégrante de sa mission éducative. La bonne gestion d'un musée repose, par conséquent, sur nombre de paramètres objectifs qui abordent plusieurs aspects comme la responsabilité et le code professionnel de déontologie, la gestion des collections, l'inventaire et la documentation, la préservation et la restauration du fonds muséal, la création d'événements, l'accueil des visiteurs, le rôle éducatif du musée, la planification et le management des effectifs, le marketing et la communication, la sécurité et la préparation face aux catastrophes, la lutte contre le trafic. Toutes ces notions fondamentales sont largement explicitées dans un manuel pratique récemment édité par l'Unesco sous le titre Comment gérer un musée? On retiendra notamment l'insistance du comité d'experts qui a rédigé ce guide sur la mission éducative du musée et son enracinement dans son environnement social immédiat. Deux points essentiels qui font manifestement défaut aux musées algériens. Le lien entre le musée et l'école est quasiment inexistant. Son rapport à la communauté locale est souvent fait d'indifférence et de renoncement réciproque. Pourtant, depuis 1990, l'Algérie a revu sa politique patrimoniale à travers la restructuration de ses outils et la déconcentration des pouvoirs et des responsabilités en les élargissant aux collectivités locales, aux institutions scientifiques et aux associations. Lors du colloque international «Conception muséale et expériences muséographiques», qui s'est tenu à Alger en janvier 2013, la ministre de la Culture a souligné qu'«il est impératif de reformuler la politique de nos musées en envisageant une démarche d'ouverture, d'association et de participation adaptées judicieusement aux règles de protection, de conservation et de promotion du patrimoine culturel». L'objectif recherché étant une exploitation étendue de l'objet patrimonial, sa vulgarisation et sa mise en circulation à travers le territoire en se basant sur sa vocation sociale, éducative, informative et sur son caractère pluridisciplinaire. En parallèle, de nombreux projets de musées régionaux ont été lancés à travers plusieurs wilayas du pays, confirmant la préoccupation des hautes autorités pour la culture en tant qu'enjeu fondamental de développement. Mais force est de constater que la culture muséale, toujours sous-développée, demeure -en quelque sorte- l'apanage exclusif d'une certaine élite. Les musées doivent absolument sortir de leur léthargie en dépoussiérant leurs collections. Ils doivent aller vers l'école et l'université, s'ouvrir aux médias, à la société civile, aux milieux économiques et créer des événements afin de nouer tous ces liens indispensables à leur propre épanouissement. On a, certes, enregistré une espèce d'animation dernièrement, notamment dans les grandes villes, à travers l'organisation d'expositions, de portes ouvertes, d'ateliers et de conférences. On peut assimiler tout cela à un début d'ouverture timide, qu'il convient de consolider par des expositions itinérantes dans les écoles, les lycées, les centres de formation et établissements culturels. On a aussi un grand déficit en matière de communication qu'il va falloir combler en éditant des dépliants, des brochures et des ouvrages illustrés qui sont autant d'invites à la découverte et au ressourcement. La confection de catalogues, la création de sites Internet et de clubs de journalistes spécialisés participent aussi à cette mission centrale de socialisation de l'activité muséale. Sinon, comment se faire connaître ? Nos musées sont aussi appelés à briser la chape de «givre» qui les sépare des associations, des acteurs culturels et des opérateurs touristiques, en envisageant des partenariats et des activités communes. En bref, ils doivent absolument se mettre au diapason avec le milieu environnant, d'abord, avant de penser à élargir leurs horizons. K. A.