Lors du Conseil des ministres, qui s'est tenu dimanche dernier, le ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, a fait une communication sur le plan national de lutte contre le cancer 2015-2019, exprimant une volonté et un engagement politique pour lutter contre cette maladie. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, s'est engagé à établir ledit plan et a chargé le professeur Messaoud Zitouni de son élaboration. Le professeur, coordinateur national du plan et à la tête d'un comité de spécialistes, a défini les axes principaux et les objectifs de ce dernier. Un comité de pilotage, dont le rôle consiste en le suivi, l'alerte et l'aide à son application sur le terrain, a été installé au début du mois de mai en cours. Afin d'évaluer les avancées en matière d'application du plan de lutte contre cette maladie qui constitue une «priorité nationale», des rencontres trimestrielles, semestrielles et annuelles devront avoir lieu. Le plan quinquennal anti-cancer, qualifié d'«ambitieux», qui trace une nouvelle stratégie, axée sur le malade et sa famille, repose également sur la prévention et le dépistage précoce et privilégie la pluridisciplinarité du traitement et l'optimisation des structures de soins existantes. Une série d'actions sont comprises dans ce plan, qui englobe tous les aspects de la maladie, dont la prévention contre les facteurs de risque, le raccourcissement des délais de diagnostic, la facilitation du parcours du malade, la redynamisation de son traitement, ainsi que l'augmentation du financement. Une démarche qui vise à remédier aux anomalies rencontrées dans le système national de santé dans le dépistage, le diagnostic et le traitement du cancer. Le professeur Zitouni avait déjà souligné l'augmentation du nombre de cas de cancer enregistrés annuellement en Algérie, en raison de la croissance démographique, la pollution et la mauvaise hygiène de vie des citoyens. Il a, néanmoins, noté que l'Algérie dispose des atouts humains et financiers nécessaires pour remédier efficacement aux dysfonctionnements et aux lacunes auxquelles font face les malades dans leur prise en charge. Pour s'enquérir de l'expérience algérienne en matière de prévention et de lutte anti-cancer ainsi que son application dans les wilayas, six membres de la délégation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont visité, au mois de février dernier, le centre anti-cancer El Bez, à Sétif, qui avait ouvert ses portes quelques mois auparavant. Les membres s'étaient rendus, par la suite, au service de chirurgie générale et de radiologie du CHU Saâdna-Abdennour, où ils ont eu des explications de la part de médecins responsables. Leur attention a été retenue par l'unité de registre du cancer de la région de Sétif, première au niveau national, créée en 2006. La délégation avait appris qu'en 2014, la wilaya avait enregistré 1 400 nouveaux cas. Elle s'est aussi intéressée à la Maison du patient, œuvre caritative de l'association Ennour, une autre initiative du professeur Hamsi Chérif, épidémiologiste au CHU de Sétif. Une association qui assure la prise en charge des malades et de leurs proches, en particulier, ceux qui se déplacent pour bénéficier des soins au niveau du centre anti-cancer. Lors de sa visite, la délégation de l'OMS a beaucoup insisté sur la sensibilisation, mais a également formulé des recommandations pour l'amélioration de la prise en charge des malades cancéreux. Le centre anti-cancer de Sétif a assuré 7 360 séances de soins entre le mois de juillet et le 31 décembre 2014, dont 4 186 cas de cancer du sein, soit 58% de l'ensemble des séances. Chaque année, les services concernés enregistrent entre 400 et 500 nouveaux cas de cancer du sein au niveau de la région de Sétif, et pas moins de 6 000 séances de chimiothérapie y ont été assurées durant la même année. Selon la Société algérienne d'oncologie médicale (Saom), les cancers du poumon, de la vessie, de l'appareil digestif, de la prostate et colorectal, sont les plus répandus chez l'homme, tandis que la femme est touchée, majoritairement, du cancer de l'appareil génital (sein, utérus, col) suivi du cancer colorectal. La plan national de lutte contre le cancer, lancé sous le contrôle du Pr Zitouni, attise la convoitise des plus grandes firmes internationales spécialisées dans le domaine, que ce soit par rapport à la réalisation des infrastructures, l'installation des équipements, aux nouvelles technologies ou encore à la recherche scientifique et au développement des techniques et des processus de traitement de la maladie. Ce qui est le cas du Groupe britannique Excalibur, qui a formulé une offre de service quasi-officielle, puisqu'elle a été adressée, aux professionnels de la santé qui ont été conviés, le 30 mars dernier, à l'hôtel El Aurassi, à Alger, à un colloque organisé par les responsables de cette firme britannique, concernant le plan national de lutte contre le cancer, sous le parrainage de son promoteur, le Pr Zitouni. Un colloque auquel ont participé d'éminents professeurs des deux pays, dont le Pr Chris Evans, professeur en médecine et fondateur scientifique d'une vingtaine d'entreprises de biotechnologie de pointe relevant du groupe anglais. N'ignorant pas qu'un plan de lutte contre le cancer nécessite un financement conséquent et un suivi rigoureux, le Pr Evans avait affiché sa volonté à accompagner les professionnels algériens, notamment dans les domaines sensibles de la formation et de la recherche scientifique. «Deux axes inéluctable si l'on veut garantir l'efficacité du système sanitaire d'un pays», a-t-il dit, avant de rajouter que «nous sommes prêts à vous aider à réaliser des laboratoires de recherche de référence et à assurer la formation des professionnels ici même en Algérie». Il est a souligné que «cette rencontre est conçue pour donner une résonance internationale au plan national de lutte contre le cancer, et les professionnels de santé que nous sommes devons, évidemment, nous inspirer de la stratégie et de l'expertise pédagogiques des confrères expérimentés du monde entier». Ledit plan lancé par le professeur Zitouni représente un défi à relever, à condition qu'il soit accompagné d'un financement par l'Etat à la hauteur des exigences estimées à environ «200 milliards de dinars» sur les cinq ans à venir, soit, entre 40 et 50 milliards de dinars par an. Les cancers les plus répandus en Algérie restent ceux du colon, du poumon, de l'utérus, avec un taux de 50%, avec une moyenne d'âge des personnes atteintes de 59 ans pour l'homme et de 51 ans pour la femme, à l'exception du cancer du sein qui touche rarement l'homme, mais dont la femme pourrait être atteinte à partir de l'âge de 40 ans. M. A-S.