La coalition arabe sous commandement saoudien a intensifié ses bombardements sur Sanaa, au Yémen, faisant au moins 45 morts. Ainsi malgré l'approche de pourparlers de paix prévus le 14 juin, la tension monte crescendo. L'Arabie saoudite, qui avait intercepté en vol samedi un missile Scud tiré vers son territoire depuis le Yémen, le premier en dix semaines de guerre, a bombardé le siège du Commandement général de l'armée, au cœur de la capitale. Au moins quatre frappes aériennes ont visé le site. Riyad semble vouloir modifier les rapports de force sur le terrain déjà mouvant du Yémen. Ces raids ont provoqué des explosions qui ont endommagé des maisons et poussé des familles à fuir. Les Houthis avaient réussi à tirer un missile Scud contre le sud du royaume saoudien, le premier annoncé publiquement depuis le déclenchement le 26 mars de la campagne de bombardements au Yémen. Cette évolution constitue une véritable escalade dans le conflit fratricide en cours au Yémen. Une tension que la perspective de négociations futures entre les belligérants n'a pas modérée. Les Houthis ont accepté vendredi de participer, avec le gouvernement en exil à Riyad, à des pourparlers initiés par l'ONU, pour tenter de mettre fin à un conflit qui menace de s'étendre. Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a confirmé que ces pourparlers auront lieu à partir du 14 juin à Genève. Il a réitéré son «appel urgent à toutes les parties au Yémen à engager des consultations de bonne foi et sans conditions préalables». Le porte-parole des Houthis Mohammed Abdessalam, a réaffirmé que son groupe irait bien à Genève, mais refuse de se soumettre à des exigences préalables. A l'ombre des bombardements, les contacts et autres consultations vont bon train. Selon l'agence yéménite Saba, une délégation des Houthis, qui se trouve depuis plusieurs jours à Mascate, où elle a eu des contacts diplomatiques avec les Etats-Unis, s'est rendue samedi soir à Moscou à l'invitation du ministère russe des Affaires étrangères. Sur le terrain, les bombardements aériens se sont cependant intensifiés et les combats continuent de faire rage dans le sud. Outre le QG militaire, des avions de la coalition ont aussi bombardé le camp de Jumaineh, dans l'est de Sanaa, visé par sept raids, et un dépôt d'armes situé à Al-Nahdain dans le Sud, sur une colline surplombant la capitale. Le camp de Jumaineh relève de la Garde républicaine, unité d'élite de l'armée restée fidèle à l'ex-président Ali Abdallah Saleh. Ce dernier s'est allié aux Houthis dans l'offensive qui leur a permis, depuis l'an dernier, de prendre le contrôle de la capitale et de vastes régions du Nord, de l'Ouest et du Centre. Dans le Sud, l'aviation de la coalition menée par l'Arabie saoudite a effectué plusieurs bombardements dans la banlieue d'Aden, deuxième ville du pays. Dans la province de Taëz dans le Sud-ouest, les avions de la coalition ont visé des positions Houthis non loin du détroit stratégique de Bab al-Mandeb, à l'embouchure de la mer Rouge. En outre, quatre civils ont été tués et 20 blessés par des bombardements nocturnes de quartiers résidentiels de Taëz. La guerre fratricide au Yémen pourrait arriver au seuil de non retour. M. B./Agences