Le conflit au Yémen a connu une nouvelle escalade avec des attaques d'envergure des rebelles chiites contre l'Arabie saoudite, en réponse aux raids aériens les visant. Ces violences ont éclaté à l'approche de pourparlers de paix prévus dès le 14 juin à Genève. Les rebelles chiites Houthis et leurs alliés, des militaires restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, ont tiré samedi avant l'aube un missile Scud en direction du sud de l'Arabie saoudite. Dans une zone déjà attaquée la veille sur plusieurs fronts. L'offensive est, selon des médias saoudiens, la première de cette ampleur depuis le début le 26 mars d'une campagne de frappes aériennes au Yémen contre les rebelles et leurs alliés menée par une coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite. Le Scud a été abattu par deux missiles Patriot saoudiens, selon Ryad. Les combats qui ont suivi cette offensive samedi matin se sont soldés par la mort de quatre militaires saoudiens, dont deux officiers, et de dizaines de morts côté yéménite, a indiqué le commandement de la coalition dans un communiqué.
Raids en représailles En représailles, les avions de combat de la coalition ont bombardé dans la nuit plusieurs sites militaires et positions tenues par les rebelles dans le nord du Yémen, dont la capitale Sanaa, mais aussi dans le sud. Les raids ont provoqué des explosions qui ont résonné toute la nuit dans la capitale, selon des habitants. La coalition est intervenue aussi dans des provinces du sud, dont Lahej, où elle a bombardé la base aérienne d'Al-Anad, la plus grande du pays, contrôlée par les rebelles, et à Taëz où sept civils ont été tués et 29 blessés vendredi par des tirs des miliciens chiites contre des quartiers résidentiels de cette ville, la troisième du pays, selon des sources militaire et médicale. Ces violences interviennent alors que la rébellion a accepté vendredi de participer, avec le gouvernement yéménite en exil à Ryad, à des pourparlers à Genève, initiés par l'ONU pour tenter de mettre fin au conflit. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a confirmé samedi soir que ces négociations se dérouleront à partir du 14 juin.
Près de 2 000 morts M. Ban a réitéré son "appel urgent à toutes les parties au Yémen à engager des consultations de bonne foi et sans conditions préalables dans l'intérêt du peuple yéménite", ajoute un communiqué. "M. Ban espère que les réunions à Genève permettront de faire repartir un processus de transition pacifique, ordonné, et qui inclut toutes les parties", indique encore ce document. Le but des pourparlers de paix est la mise en place d'un cessez-le-feu, d'un plan de retrait des rebelles des zones conquises depuis la fin de l'été dernier et d'un accroissement de l'aide humanitaire, avaient précisé des diplomates à l'ONU, vendredi à New York. Le conflit a fait près de 2 000 morts et poussé plus de 545 000 personnes à quitter leur foyer, selon l'ONU.
45 morts, dont 20 civils Au moins 45 personnes ont été tuées hier dans des raids menés par la coalition sous commandement saoudien contre un siège de l'armée yéménite dans la capitale Sanaa, a indiqué une source médicale. L'opération intervient une semaine avant des pourparlers de paix. "Au moins 20 civils et 25 soldats et officiers ont été tués" dans des frappes de la coalition contre le commandement général de l'armée, situé à Tahrir, quartier résidentiel du centre de Sanaa, a déclaré cette source. Au moins quatre frappes aériennes ont visé le QG du commandement général de l'armée, contrôlé par les rebelles chiites Houthis et leurs alliés, provoquant des explosions qui ont endommagé des maisons voisines et poussé des familles à fuir le quartier. Parmi les habitations touchées, cinq ont été détruites et 10 endommagées, ont indiqué des habitants. Les rebelles ont fait état de "44 citoyens tués et plus de 100 blessés, dont des femmes et des enfants", selon un bilan provisoire publié par l'agence Saba qu'ils contrôlent. En début d'après-midi, des équipes de secours étaient à la recherche d'autres victimes sous les décombres du site bombardé, ont ajouté les rebelles.