Comme en demi-finale de l'Euro 2006 et en quarts de finale du Mondial 2007, l'équipe de France croise le chemin de la Croatie et de son demi-centre vedette Ivano Balic en finale du Mondial 2009, aujourd'hui à Zagreb. Plus qu'un bon joueur, Ivano Balic est, à 28 ans, considéré comme un génie, un peu comme le fut en son temps l'ex-capitaine français Jackson Richardson. Elu meilleur joueur mondial en 2003 et 2006, abonné aux titres et aux gloires, le meneur de jeu de l'équipe de Croatie, l'homme à la chevelure à l'indienne, au sourire charmeur est, tout simplement, l'âme de sa sélection. «Tout part de Balic dans le jeu croate, constate Thierry Omeyer. Il met sa griffe dans chaque match. C'est un joueur exceptionnel, il peut marquer des buts dans des situations difficiles. Il réussit tout ce qu'il entreprend. Toutefois, nous aussi, nous avons nos atouts avec un Luc Abalo, un des grands artisans dans son poste d'arrière droit ou d'ailier, avec Daniel ‘‘Air France'', Narcisse, l'homme volant, ou un Karabatic, qui est le meilleur joueur au monde.» Place désormais à la Croatie pour une finale historique. Les Bleus ont obtenu leur billet pour la finale du Mondial sans souffrir certes, sans véritablement trembler. Ils ont battu facilement le Danemark 27 à 22, (mi-temps : 16-11) en demi-finale disputée vendredi à Split. Les Tricolores rencontreront, pour la médaille d'or, le vainqueur de la deuxième demi-finale, la Croatie. Il s'agira de la quatrième participation de la France à une finale du Mondial. Les Bleus avaient perdu la première en 1993 et remporté les deux suivantes en 1995 et 2001. Ce sera aussi sa sixième finale d'un tournoi majeur avec celles de l'Euro 2006 et des jeux Olympiques de Pékin, toutes les deux gagnées. Du boulot bien fait par une équipe solide. Mais, c'est maintenant que la compétition démarre véritablement… Voilà donc la Croatie, le pays organisateur et 15 000 supporters sur la route des Bleus en finale, exactement comme à l'Euro. «Ce match nous est resté en travers de la gorge, s'emballe le DTN Philippe Bana. Ça va être un enfer.» Les Bleus s'étaient alors inclinés d'un but. A Pékin, ils ont pris leur revanche au début du tournoi. Ils ont battu les Croates, mais sans Balic. Et là, ça change tout. Et puis, un match contre des Croates, un match qui n'a rien à voir avec le match de poule perdu (23-19), ce ne sera pas le même état d'esprit. L'entraîneur Claude Onesta traduit cela avec un langage imagé. «Maintenant, on va descendre dans les tranchées les unes après les autres». A l'Euro, les Tricolores se sont fait avoir au mental, «aujourd'hui, nous n'avons pas de pression particulière», dit le virevoltant Luc Abalo. «Nous ne sommes pas favoris. Les Croates peuvent l'être. Nous, nous avons été champions du monde. En revanche, on a une envie terrible de le devenir. La différence entre les JO et un championnat du monde ou d'Europe, c'est qu'on a le temps de réfléchir entre les matches. On peut apprécier une qualification, mais pas trop. Il faut aussi rester concentré. La France aura besoin de toutes ses forces pour passer le cap croate». «Cette finale devrait se décider sur des détails», reprend Daniel Narcisse. «Les Croates sont des adversaires compliqués à jouer. On va avoir deux grosses défenses face à face. A l'Euro, on s'est fait avoir au mental. J'espère que cette fois, on aura retenu la leçon. Je m'attends comme tout le monde à beaucoup d'intensité et d'engagement physique». Nikola Karabatic, lui, se veut pragmatique. «Nous ne sommes peut-être pas tout le temps géniaux, mais nous savons trouver des solutions. On fait preuve de patience, on ne s'affole pas.» Il faudra aussi des nerfs solides face aux Croates Pour rappel, les Bleus ont battu les Croates lors des deux dernières compétions (29-23 en demi-finale de l'Euro 2006 et 21-18 en quarts de finale du Mondial 2007). «On ne vit pas dans les souvenirs des matches gagnés en Suisse et en Allemagne», confie le coach Claude Onesta. «Là, c'est la réalité. Les rencontres, il ne faut pas les rêver mais les jouer.» La Croatie a été championne du monde en 2003 et championne olympique en 2004. Elle compte aussi dans ses rangs la perle du hand actuel : Ivano Balic. Pour D. Dinart «il y a Balic et les autres». Et Fernandez dit que «la Croatie, avec ou sans lui, ce n'est plus la même équipe». Claude Onesta explique que «la clef du programme sera de l'empêcher de jouer». La Croatie dispose aussi d'autres joueurs de valeur : Blazenko Lackovic (Flensburg), Petar Metlicic (Ciudad Real) ou le pivot Igor Vori, joueur qui a fait voir de toutes les couleurs à la défense française lors du match de poule. Il a été d'ailleurs classé meilleur joueur lors de cette rencontre. C. Onesta a noté «un petit point de faiblesse» au poste d'ailier droit (absence de Mirza Dzomba et Vedran Zrnic). La France ne manque pas non plus de joueurs de calibre mondial. «Balic fait partie des deux meilleurs joueurs du monde. Je dis deux parce que nous en avons un également qui n'est pas loin de l'être», affirme Onesta. Il fait allusion à N. Karabatic, joueur important de la sélection tricolore, et de Kiel (meilleur club européen actuellement) qu'il quittera en fin de saison. Depuis le début de ce Mondial, la Croatie n'a raté aucune sortie. Victorieuse de ses neuf matches sur des scores éloquents. Elle clôturera le festival offensif face à la Pologne en la battant 29-23, vendredi à Zagreb. La Croatie, seule équipe à avoir gagné ses neuf matches depuis le début du tournoi, n'a été accrochée que pendant une mi-temps (14-13) par la Pologne, finaliste surprise de la dernière édition. Mais Claude Onesta prévient : «On ne peut pas partir confiant contre la Croatie. tre déterminé, croire en ses chances, oui. Mais arriver en disant que tu vas tout maîtriser, non. Même si tu te méfies du diable, il y a toujours un moment où il peut t'attraper.» Y. B.