Dans son message à l'occasion de la fête de l'indépendance, le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, a choisi pour interlocuteur majeur l'opposition. C'est elle qu'il a ciblée, sans toutefois tirer sur elle comme il l'a fait dans de précédents messages, principalement celui du mois de mars dernier où il a parlé de terre brûlée. Le chef de l'Etat, à l'occasion de la commémoration du 53e anniversaire du recouvrement de l'indépendance du pays, s'est montré plutôt conciliant. Disons même coopératif, en perspective d'un rendez-vous électoral important qui est celui de la révision de la Constitution et auquel il veut associer tous les acteurs politiques et les représentants de la société civile pour la crédibilité de cet acte de révision de la loi fondamentale du pays et donner davantage de vigueur au nouveau contenu. Il semble, en effet, que tout est fin prêt pour ce rendez-vous maintes fois reporté pour des raisons à la fois politiques et techniques. L'ordre rétabli au sein des partis politiques, ceux dits pro-pouvoir et ceux dits de l'opposition, des promotions annoncées au sein de l'armée et d'autres encore au niveau d'autres institutions du pays, il ne reste plus que la finalisation du projet. C'est un projet du chef de l'Etat, mais aussi une demande citoyenne. Et le rôle de l'opposition est très important pour sa concrétisation. Non seulement sa participation au vote est grandement souhaitée, mais aussi son implication par des propositions, des initiatives et, mieux encore, dira le président Bouteflika, des programmes alternatifs. «Il y a quelques années seulement, l'Algérie, son peuple et sa démocratie ont très chèrement payé le prix des discours populistes, de la démagogie et du défi à la loi. Tirons donc les leçons de ces amères expériences pour nourrir notre pluralisme politique, associatif et syndical, de joutes nobles autour de programmes alternatifs», a écrit le chef de l'Etat, dans son message de commémoration du 53e anniversaire de la fête de l'indépendance. En effet, poursuivra-t-il, «le peuple algérien a besoin de connaître les propositions alternatives prétendant améliorer son devenir, et il saura ensuite choisir souverainement lors des rendez-vous électoraux de la République». Dans ce même message, le président Bouteflika utilise le mot «considération» pour dire justement sa considération pour l'opposition. Et la phrase est chargée de sens. «C'est-là le message que j'adresse en ce jour de communion nationale, à la classe politique du pays, et au premier chef, aux acteurs de l'opposition à laquelle j'exprime ma considération.» Non sans insister sur le rôle des autres partis dits pro-pouvoir sur lesquels mise justement le chef de l'Etat pour contrecarrer l'opposition, mais dans le respect des règles de déontologie. «En effet, dans le respect de la déontologie démocratique, l'opposition est dans son rôle, tout comme sera dans son rôle la majorité qui a porté mon programme durant la campagne électorale et à laquelle il revient de le promouvoir aujourd'hui dans le cadre du débat démocratique, pour semer l'espoir et pour soutenir l'effort», a-t-il dit. A chacune son rôle et son importance. Force est de constater toutefois que dans les deux camps il reste beaucoup à faire. Ni les partis qui affirment leur soutien total au chef de l'Etat n'arrivent à s'entendre sur la démarche à adopter dans ce sens, ni ceux de l'opposition, regroupés au sein de l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (Icso). K. M.