Dans un message à l'occasion de la commémoration du recouvrement de l'indépendance de l'Algérie et de la célébration de la fête nationale de la jeunesse, le président Abdelaziz Bouteflika a tenu à dire beaucoup de choses. En effet, le chef de l'Etat a commencé par laisser entendre qu'il poursuivra son mandat jusqu'à son terme. Une réponse, dans une allusion à peine voilée, à ceux qui appellent à des élections présidentielles anticipées. Le Président a ensuite tendu la main à l'opposition à laquelle il a exprimé sa considération et a appelé, encore une fois, à contribuer avec ses propositions pour améliorer le devenir des Algériens. Il n'a pas manqué, enfin, d'annoncer que le projet de révision de la Constitution est en phase de finalisation. «La consolidation de l'Etat de droit se poursuivra, au fil des réformes qui seront d'ailleurs confortées dans tous les domaines, par la révision de la Constitution, dont le projet est en phase de finalisation ultime», a souligné le président Bouteflika sans, cependant, avancer une quelconque date pour cette révision. La déclaration du chef de l'Etat coupe court à toutes les interprétations faisant croire que le projet a été abandonné. Mieux, la phase «ultime», laisse même prédire une date approximative de la présentation de ce projet qui n'excéderait sûrement pas la rentrée sociale. En d'autres termes, la révision de la Constitution ne saurait tarder et le projet sera bientôt soumis à la consultation populaire ou parlementaire. Dans son message, le Président a appelé l'opposition à contribuer avec ses propositions. «En effet, le peuple algérien a besoin de connaître les propositions alternatives prétendant améliorer son devenir, et il saura ensuite choisir souverainement lors des rendez-vous électoraux de la République», a souligné le chef de l'Etat dans son message. Il s'agit là d'un ultime appel du chef de l'Etat qui n'a pas manqué depuis l'annonce de la révision, il y a quatre ans, d'inviter l'ensemble des acteurs politiques à participer à l'élaboration de la loi suprême du pays. Mais l'opposition a rejeté l'invitation et a proposé une initiative de sortie de crise et une conférence nationale. Elle s'est d'ailleurs constituée en un «pôle des forces du changement» et a affirmé que le débat n'est pas d'ordre constitutionnel, mais d'une autre envergure, sur la nature du régime politique. Tout en menant sa bataille pour tenir une conférence nationale, l'opposition a beaucoup dit sur la révision de la Constitution laissant même entendre que les changements qui allaient être opérés ne visaient qu'à mettre les lois du pays au «service d'un pouvoir ou d'un régime». C'est ce qui fera réagir le premier magistrat du pays. Abdelaziz Bouteflika va déclarer, rappelons-le, dans un message qu'il a voulu fort et clair à l'adresse de tous ceux qui ont tenté de «discréditer» sa ferme intention de réviser la Constitution : «Le projet de révision constitutionnelle que je proposerai conformément à mes attributions constitutionnelles, n'est pas au service d'un pouvoir ou d'un régime comme cela est prétendu ici ou là. Bien au contraire, il ambitionne à consolider les libertés et la démocratie pour lesquelles se sont sacrifiés les glorieux martyrs de la Révolution de Novembre.» Le président Bouteflika avait alors rappelé que de larges consultations ont été menées dans ce but depuis deux années. Rappelons que le président de la République avait déjà eu à assurer que le projet de la révision de la Constitution se préparait «sérieusement» et qu'il ne s'agira «ni d'imitation, ni d'improvisation». Le chef de l'Etat avait été amené à intervenir pour faire cesser les nombreuses «voix» qui s'interrogeaient sur le devenir d'une révision annoncée, mais qui tardait à voir le jour. En effet, la nouvelle mouture de la Constitution, annoncée en 2011 et attendue depuis fin août de l'année dernière, date à laquelle le président de la République a reçu le rapport final synthétisant les consultations menées par son chef de cabinet, Ahmed Ouyahia, n'a toujours pas vu le jour. Et afin de mettre un terme à toutes les rumeurs mettant en doute sa volonté politique d'aller vers une profonde réforme de la Constitution, le chef de l'Etat, qui ne donne aucune indication sur la procédure de révision (voie référendaire ou approbation par les deux chambres du Parlement), avait appuyé cependant que l'objectif est de dégager un consensus autour des questions fondamentales et garantir l'efficacité des nouvelles dispositions constitutionnelles. Notons enfin que le projet de révision constitutionnelle publié par la présidence sur son site Internet et transmis aux partis politiques, associations nationales et à des personnalités politiques pour enrichissement, souligne, entre autres, dans son contenu, le renforcement de la séparation des pouvoirs, le rétablissement de la limitation des mandats ainsi que le renforcement des instruments de contrôle de l'action du gouvernement par le Parlement en vue de garantir les conditions d'une meilleure gouvernance. H. Y.