La chute de plus de 50% des prix du baril de pétrole depuis juin 2014 pèse lourdement sur les finances des pays exportateurs de pétrole, à l'image de l'Algérie qui a déjà enregistré des pertes extérieures équivalentes à environ 10% du PIB. Si les cours du pétrole descendent sous la barre des 50 dollars, l'Algérie risque, selon certains économistes d'enregistrer un grand déficit budgétaire. De même, la fiscalité pétrolière pourrait enregistrer une contraction de 33%. Le bouleversement du marché pétrolier devrait ainsi constituer un signal d'alarme pour l'Algérie, laquelle devrait passer à un nouveau modèle où la croissance économique et la création d'emplois sont tirées par un secteur privé diversifié. Le modèle actuel, basé sur les dépenses publiques qui sont tirées par les recettes pétrolières est «dépassé» et n'est plus viable, jugent les experts en économie, selon qui ce modèle est la cause de la faible croissance de la productivité et ne répond pas suffisamment aux besoins de création d'emplois et de diversification économique. Ainsi, il est aujourd'hui impératif de diversifier notre économie, fortement dépendante aux hydrocarbures. L'Algérie, faut-il le rappeler, avait déjà arrêté des stratégies visant à développer les secteurs hors hydrocarbures en exploitant au maximum leurs potentialités à l'effet de diversifier l'économie nationale, de la libérer des hydrocarbures et de la rendre plus performante, mais en vain. Aujourd'hui, le gouvernement Sellal veut passer à la vitesse supérieure et s'emploie effectivement à diversifier l'économie nationale à travers une série de mesures visant à encourager la production nationale et à faciliter l'investissement public et privé. Les secteurs prioritaires de cette démarche sont l'agriculture, l'industrie, l'énergie, le tourisme et les technologies de l'information et de la communication, selon le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. A travers cette politique, les pouvoirs publics veulent renoncer à la politique de l'économie basée sur les recettes des hydrocarbures et partant s'orienter vers une économie basée sur l'investissement dans les secteurs productifs. Et c'est à ce titre que des mesures et dispositions ont été introduites dans la loi de Finances complémentaire (LFC) 2015. «La LFC 2015 vise à soutenir et à diversifier la production nationale», a précisé récemment M. Sellal, selon qui son objectif (la LFC 2015) était de «faire face à la chute des prix du pétrole». Le gouvernement a ainsi revu à la baisse certains impôts et taxes à l'image de la taxe sur l'activité professionnelle (TAP) et de l'impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS), écartant une hausse des prix du carburant. L'objectif est de bâtir une économie nationale «forte», et «performante», selon M. Sellal. Pour favoriser davantage ces démarches, le patronat, à l'image du Forum des chefs d'entreprises (FCE) suggère, entre autres, de consacrer la liberté d'entreprendre et d'investir conformément à l'article 37 de la Constitution algérienne en ouvrant de manière effective aux investisseurs privés nationaux l'ensemble des secteurs d'activité économique qui leur sont aujourd'hui, dans les faits, fermés. Les secteurs principalement concernés sont ceux des banques, du transport maritime, du transport aérien, de la pétrochimie et de toutes les activités en aval des hydrocarbures, etc. Il est impératif de restituer la pleine initiative aux entrepreneurs et mobiliser le potentiel des entreprises nationales en général et des entreprises privées en particulier, et ce, pour développer l'ensemble des secteurs de l'économie nationale et assurer, de façon effective, la réalisation des objectifs de diversification, de sécurité alimentaire et de réduction de notre dépendance externe. Le FCE plaide également pour la modernisation de l'administration économique du pays pour atteindre les performances attendues dans le prochain plan quinquennal et réaliser une croissance supérieure à 7% à l'horizon 2019. B. A.