Des combattants kurdes engagés dans des batailles contre le groupe Daech ont assuré avoir été la cible d'armes chimiques. L'information est relayée par l'armée allemande renforçant de fait les soupçons d'un recours par les djihadistes à ces munitions interdites. Etrange changement de situation d'autant plus que ce type d'accusation a toujours été utilisé pour charger l'armée syrienne. Les Etats-Unis jugent, de leur côté, plausible que le groupe Daech ait utilisé cette semaine le gaz moutarde contre des combattants kurdes irakiens. Selon le quotidien américain Wall Street journal les djihadistes se sont procurés le gaz moutarde en Syrie ou bien en Irak. Le ministère allemand de la Défense a déclaré jeudi «avoir des indications selon lesquelles il y a eu une attaque à l'arme chimique» contre des peshmergas, les combattants kurdes irakiens. Plusieurs d'entre eux ont été «blessés avec des irritations des voies respiratoires», selon le porte-parole du ministère allemand de la Défense à Berlin. C'est la première fois que les accusations d'usage d'armes interdites sont proférées de façon directe contre des acteurs du conflit autres que le gouvernement syrien. L'usage présumé d'armes chimiques aura servi de prétexte à des résolutions onusiennes visant Damas. La région était même au bord d'une aventureuse intervention militaire des Occidentaux contre la Syrie, sur la base de ces accusations. Les soldats allemands déployés dans le nord de l'Irak pour former les combattants kurdes ne sont pas sur le front. Si l'armée allemande s'est gardée d'accuser les djihadistes d'avoir été à l'origine de l'attaque, les accusations de recours aux armes chimiques par Daech se sont multipliées ces derniers mois en Irak comme en Syrie même si, jusqu'à présent, elles semblent sporadiques et aucun décès n'a été signalé. «Le chlore, qui fut utilisé pendant la Première Guerre mondiale, est un gaz suffocant, interdit dans les conflits armés par la Convention sur les armes chimiques de 1997.» Ainsi, plusieurs parties comme les Unités de protection du peuple kurde (YPG, principale force kurde syrienne), l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh) et d'autres experts ont signalé en juillet des attaques à l'arme chimique dans la province d'Hassaké, dans le nord-est de la Syrie, contre des combattants kurdes. Des attaques qui sont le fait d'autres groupes sur le terrain. Une nouveauté qui corrobore les déclarations de Damas qui a toujours accusé les groupes armés d'utiliser ce type d'armes interdites afin de jeter le soupçon sur l'armée syrienne. Les kurdes ont aussi dit avoir saisi des masques à gaz appartenant à Daech, estimant dès lors que les djihadistes préparent d'autres attaques chimiques. A l'époque, les forces kurdes avaient fait état «de brûlures à la gorge, aux yeux et au nez, accompagnées de maux de tête, de douleurs musculaires, d'une perte de concentration, de problèmes de mobilité et de vomissements». En mars dernier le gouvernement de la région autonome du Kurdistan en Irak avait affirmé avoir les preuves de l'usage du gaz de chlore par le groupe Daech. M. B./Agences