En dépit de l'énorme potentiel de l'épargne nationale et l'abondance des liquidités financières au niveau des banques, le secteur boursier reste peu développé. Le marché est surtout caractérisé par son très faible niveau d'ouverture et d'innovation, contrairement à ce que l'on constate en France où 1 600 entreprises sont cotées à la Bourse de Paris, ou encore en Egypte où 550 à 600 sociétés le sont à la Bourse du Caire. C'est également le cas du Maroc avec 80 entreprises cotées à la Bourse de Casablanca et, dans une moindre mesure, en Tunisie avec 60 à 65 entreprises cotées à la Bourse de Tunis. Selon les spécialistes financiers, les règles et le système de cotation utilisés n'offrent pas le niveau de transparence, de fluidité et de liberté requis pour obtenir un minimum de liquidité. Créée en 1997 et lancée officiellement en 1999, la Bourse d'Alger ne compte que six entreprises cotées, à savoir El Aurassi, Alliances Assurances, Saidal et NCA Rouiba sous formes de titres de capital (actions) et Sonelgaz et Dahli sous forme de titres de créances. Sa capitalisation est restée à un niveau faible, estimée à 137,6 millions d'euros en octobre 2014. La Bourse d'Alger peine ainsi à se développer. Et pour cause : les entreprises boudent ce marché financier. D'épineux problèmes entourent cette place boursière et freinent son envol, et des contraintes liées à l'insuffisance des financements et l'accès difficile aux crédits. Ces contraintes dissuadent les entreprises à tenter une admission dans cet espace des cotations. Les entreprises préfèrent utiliser le peu de finances dont elles disposent pour leur propre développement. La Société de gestion de la bourse des valeurs mobilières (Sgbv) s'avère incapable d'attirer le potentiel épargne disponible sur le marché. Autre frein, celui relatif au système comptable qui ne fournit pas la situation patrimoniale exacte de l'entreprise, ce qui risque de fausser l'audit comptable et les diverses procédures requises pour une introduction en Bourse, selon un expert en finances. La Bourse d'Alger devrait connaître, néanmoins, une dynamisation de ses activités dans les prochaines années à la faveur de la décision gouvernementale de diversifier les sources de financement de l'économie. Le financement budgétaire et bancaire ne doit plus être ainsi privilégié, au détriment du financement boursier, ils doivent apparaitre comme des instruments de financement complémentaires. Pour une relance réelle de ce marché, l'Exécutif a pris certaines décisions, dont celle de porter à 50 la liste des entreprises cotées en Bourse, avec un objectif d'atteindre une capitalisation de 40 milliards de dollars d'ici à 5 ans. Des réformes devraient être aussi mises en œuvre d'ici la fin de l'année 2015, à l'effet d'encourager de nouvelles entrées sur le marché et de renforcer la capitalisation boursière. C'est ainsi que des allègements fiscaux pour les entreprises optant pour une introduction en Bourse ainsi qu'une réduction des frais d'introduction sont prévues par la Société de gestion de la bourse des valeurs mobilières (SGBV). Il convient de rappeler que le Conseil des participations de l'Etat (CPE) a donné en 2013 son aval à huit entreprises publiques pour leur introduction à la Bourse d'Alger. Il s'agit de la banque CPA, de trois cimenteries relevant du Groupe industriel des ciments d'Algérie (Gica), de la compagnie d'assurance Caar, de Cosider Carrières, de la société Hydro-Aménagement et de l'opérateur de téléphonie mobile Mobilis. Toutefois, en dépit de l'effet d'annonce, la réalité est tout autre. Les dossiers de ces entreprises demeurent toujours «en cours de finalisation» pour ne pas dire en situation de blocage. Les raisons sont multiples. Les autorités boursières ont même reconnu cet état des lieux. Selon le président de la Commission d'organisation et de surveillance des opérations en Bourse (Cosob), Abdelhakim Berrah, les entreprises algériennes, notamment publiques, ne sont pas prêtes à s'introduire en Bourse malgré la nécessité d'y recourir comme alternative au Trésor public pour les besoins de financement. Le premier responsable de la Cosob impute cette situation au manque de culture financière et à la défaillance des systèmes managériaux des entreprises algériennes, qui se limitent à une administration «procédurale et court-termiste». En attendant la relance de la Bourse, l'économie nationale reste ainsi privée d'un potentiel de financement important. B. A.