L'entrée prochaine de 8 entreprises dans le marché secondaire servira-t-elle de stimulus tactile qui réveillera enfin la Bourse d'Alger de sa longue léthargie ? C'est ce que souhaitent en tout cas dirigeants et économistes à cette institution financière, en décalage par rapport à ses consœurs de par le monde. Le Conseil des participations de l'Etat (CPE) a sélectionné pour ce projet l'opérateur historique de téléphonie mobile, Mobilis, l'entreprise des travaux publics, Cosider, trois cimenteries relevant du groupe Gica, la banque Crédit populaire d'Algérie (CPA) et la société des assurances Caar. À ce premier lot s'ajoute l'entreprise privée Avenir Décoration. Dès le mois de janvier prochain, ces sociétés entameront le processus de leur introduction à la Bourse algérienne des valeurs mobilières. Reste à savoir si leur arrivée aura l'effet tant attendu, à savoir une dynamisation de ce marché financier. Car, même après la récente entrée de deux entreprises à capitaux privés, en l'occurrence la compagnie d'assurances, Alliance Assurances, et l'entreprise spécialisée dans l'agroalimentaire NCA-Rouiba, la Bourse n'a toujours pas atteint sa vitesse de croisière. Actuellement, seules les 4 entreprises El-Aurassi, Saidal, NCA-Rouiba et Alliance Assurances y sont cotées. La Bourse d'Alger peine à se développer parce que les sociétés boudent ce marché financier. D'épineux problèmes entourent cette place boursière et freinent son envol. L'on peut citer ce manque flagrant de liquidités. La Bourse demeure, depuis sa création en 1997, dépourvue d'une masse monétaire suffisante. L'argent, qui devait créer cette animation dont elle a besoin, est malheureusement détenu par les banques et le secteur informel. L'insuffisance des financements et l'accès difficile aux crédits dissuadent, de ce fait, les entreprises à tenter une admission dans cet espace des cotations. Elles préfèrent utiliser le peu de finances dont elles disposent pour leur propre développement. Une véritable contrainte de liquidités constitue un frein pour l'impulsion de cette place financière. La Société de gestion de la bourse des valeurs mobilières (SVBV) s'avère incapable, du moins pour le moment, d'attirer le potentiel épargne disponible sur le marché. Par ailleurs, un expert en finances avoue que certaines dispositions du nouveau système comptable et financier en vigueur depuis 2010 ne s'adaptent plus aux différents mécanismes qui composent le marché boursier en Algérie. Pour lui, le système comptable ne fournit pas la situation patrimoniale exacte de l'entreprise. Ce qui risque de fausser l'audit comptable et les diverses procédures requises pour une introduction en Bourse. Une chose est sûre, une Bourse sans le privé n'en est pas une..., disent les experts. Les dirigeants de la SGBV doivent, par conséquent, orienter leurs efforts vers les entreprises privées. Or, vu le caractère familial de ces sociétés, ils trouveront des difficultés à persuader leur patron et les ramener sur ce terrain inhabituel, voire infréquentable, pour eux. La transparence totale ayant trait aux bilans et à la gestion, dont doit faire preuve toute entreprise désireuse d'entrer en Bourse, ne va que les dissuader d'un tel objectif. La Bourse d'Alger devrait connaître, néanmoins, une dynamisation de ses activités dans les prochaines années à la faveur de la décision gouvernementale de diversifier les sources de financement de l'économie. Le financement budgétaire et bancaire ne doit plus être ainsi privilégié au détriment du financement boursier. Pour une relance réelle de ce marché, l'Exécutif a pris certaines décisions dont celle de porter à 50 la liste des entreprises cotées en Bourse avec une capitalisation de 10 milliards de dollars d'ici à 5 ans. Plusieurs entreprises publiques et sociétés privées ont émis le vœu d'ouvrir ou d'augmenter leurs capitaux à travers la Bourse. Mieux, le marché des obligations profitera aussi de cette relance, d'autant plus que plusieurs emprunts sont actuellement en cours de préparation pour les émettre sur le marché avant fin 2014. B. K.