Décidément, la localité de Berriane (40 km du chef-lieu de la wilaya de Ghardaïa) ne semble pas prête à connaître une sérénité durable. Depuis plusieurs mois déjà, les émeutes se suivent et se ressemblent. A la moindre étincelle, au moindre geste déplacé, le chaos ne se fait pas attendre. Vendredi, après la prière, des émeutes ont éclaté entre les deux communautés, qui y cohabitent pourtant depuis des siècles. Les Mozabites et les Chaambas. Selon des témoignages recueillis par téléphone, il y aurait trois morts et plusieurs blessés. Le Docteur Fekhar Kamel Eddine, militant de la LADDH, membre du FFS, déclare le décès du jeune Benzayet Bachir, âgé de 16 ans et quatre personnes hospitalisées dans un état jugé grave, dont un militant du FFS et membre de la LADDH. Un communiqué du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales fait état de deux morts et de 28 blessés.A l'heure où nous mettons sous presse, les routes de Berriane sont coupées à la circulation et l'accès à l'hôpital est interdit. D'importants dégâts matériels ont été commis au niveau de l'artère principale de la ville, dont des magasins saccagés. Les causes de ce nouveau débordement restent, pour l'heure, inconnues. Notre interlocuteur, un jeune de Berriane, explique : «Pendant la prière du vendredi, des jeunes ont attaqué la mosquée El Atiq, une partie des fidèles a pris la fuite, les autres ont fermé les portes et se sont réfugiés à l'intérieur. Trois jeunes, en tentant de s'échapper, ont été tabassés. S'ensuivirent des jets de pierres et de cocktails Molotov. Ensuite, les choses ont dégénéré». C'est au niveau du quartier Baba Saad que les confrontations ont été les plus graves. Hier, malgré la présence, sur les lieux des affrontements, des forces de l'ordre et du wali de Ghardaïa, les échauffourées se sont poursuivies jusqu'aux environs de 15h30. «Le wali s'est réuni avec les notables de la ville. Il y a une certaine accalmie actuellement. Ils sont en pleine discussion», témoigne un autre jeune de Berriane présent sur les lieux. Dans un communiqué, le Dr Fekhar dénonce une manipulation politique et le retard mis par les services de l'ordre pour intervenir au début des échauffourées. Des évènements presque similaires ont eu lieu dans la même localité au cours des mois de mars et mai 2008. Les scénarios sont identiques, et les causes toujours inconnues. Tous les enseignements n'ont pas été tirés. Alors, manipulation politique ? Malaise intercommunautaire ? Ou mal-vivre chez les jeunes ? S. A.