Croissance, sincérité et confiance étaient les maîtres mots de discours prononcé, hier, par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à l'ouverture de la rencontre gouvernement-wali à Alger. Sellal qui s'exprimait devant les membres du gouvernement et les walis a abordé l'état de l'économie nationale, confrontée à une conjoncture internationale particulière sur les plans économiques, politique et sécuritaire. Bien qu'il qualifie cette situation d'«équation difficile», le Premier ministre a assuré que «nos marges de manœuvres budgétaires et financière nous permettent d'aborder avec sérénité la situation mais elles ne doivent pas être avancées pour justifier le statu quo». Sellal qui s'est longuement attelé sur la rationalisation et l'optimisation des dépenses publiques n'omettra pas revenir sur les décisions prises par le gouvernement dans la loi de Finances complémentaire de 2015. Il avancera, dans ce sens, quelques prévisions pour l'exercice prochain établies dans le projet de loi de Finances 2016, qui sera soumis au Parlement avant fin septembre. Dans ce cadre, il a fait part de l'objectif de réduire les dépenses publiques de 9% «sans pour autant entraver la réalisation du programme de logement ou les recrutements dans les secteurs de la formation et de la santé qui enregistreront l'ouverture de près de 10 000 postes budgétaires», et d'atteindre un taux de croissance de 4,6 % (un taux supérieur aux prévisions du FMI). Ces dispositions, poursuit le premier responsable de l'Exécutif, «vont dans cette direction, à savoir l'optimisation des recettes du budget de l'Etat, le soutien aux entreprises, la facilitation de l'investissement ainsi que l'encouragement du secteur national productif, et rester dans une perspective de croissance». «La conjoncture actuelle est certes difficile mais elle offre aussi une excellente opportunité d'introspection et de prise de décisions audacieuses pour construire une nouvelle vision économique et modifier nos modes de fonctionnement et de régulation», a assuré Sellal devant les walis. Il ajoutera qu'«en lieu et en place de l'austérité, nous optons pour la croissance et la relance économique. Des actions de rationalisation sont et seront menées pour mieux maîtriser les dépenses de l'Etat et elles seront étendues aux collectivités locales dont nous attendons la même discipline dans l'allocation et l'utilisation des deniers publics». Il rappellera, en outre, que « des mesures de réajustement ont été décidées pour rationaliser la dépense publique et mieux maîtriser le commerce extérieur et les flux des capitaux». Toutefois, cette orientation ne devrait pas remettre en cause les acquis sociaux, tranche-t-il. «Il faut préserver le pouvoir d'achat des Algériens et poursuivre l'effort en matière d'action sociale et des programmes dans les domaines de l'emploi, du logement, de la santé et de l'éducation», soutient le Premier ministre. Abordant l'action gouvernementale en vue se prémunir de l'impact de la crise, Sellal avouera, tout de même, que les mesures gouvernementales toucheront «des vieux réflexes et des intérêts». «Toutes ces décisions pour relancer notre économie et absorber le choc pétrolier toucheront des habitudes, des vieux réflexes et des intérêts. Elles rencontreront, donc, des résistances plus au moins fortes. Mais notre principal allié dans ce combat futur sera la population si nous lui disons la vérité, lui expliquons notre démarche et si nous arrivons à gagner sa confiance», a-t-il assuré. D'ailleurs, Sellal a admis que la société civile, entre autres, est «en droit de s'interroger sur l'impact de ces crises sur notre pays et son développement futur». C'est pourquoi, enchaîne-t-il, «le gouvernement a constamment fait le choix de la vérité et de la transparence car nous sommes convaincus que c'est l'unique voie pour gagner la confiance et l'adhésion de tous à l'œuvre du renouveau national, mais aussi pour mettre à nu les amalgames, les surenchères et les tentatives de manipulation». Dans cet ordre d'idées, Sellal a eu une adresse aussi aux parties qui privilégient les discours alarmistes. «Ce sont les mêmes personnes qui, dix ans auparavant, hurlaient qu'il ne fallait pas rembourser la dette par anticipation, qui crient aujourd'hui à la catastrophe et sèment un discours de défaite et de capitulation», a-t-il dit. S'agissant du développement local, Sellal n'a pas mâché ses mots faisant remarquer que «la relation de l'administration locale avec l'entrepreneur ne doit plus se limiter à une prestation administrative de délivrance d'autorisations ou d'agréments. Il s'agit de mettre en place des dispositifs d'accompagnement continu en amont et en aval où le wali serait un véritable VRP de sa wilaya en allant démarcher les potentiels investisseurs». Au sujet de la bureaucratie il a reconnu, en résumé, que «la complexité des procédures, les confusions de prérogatives et de missions, les réflexes de passivité sont autant de verrous qu'il faut faire sauter pour libérer les potentialités nationales et la créativité de nos opérateurs économiques. Il faut mettre fin aux comportements bureaucratiques qui paralysent les initiatives et portent préjudice à notre crédibilité». S. B. Le CNES planchera sur la situation de l'économie nationale le 15 septembre Le Premier ministre a annoncé hier la tenue d'une rencontre qui sera organisée par le Conseil économique et social (Cnes) le 15 septembre prochain en vue de débattre des implications de la baisse continue des prix du pétrole sur l'économie nationale. Cette rencontre, a précisé Sellal, regroupera des experts économiques, des académiciens et des universitaires aux côtés des membres du Cnes. Cette rencontre sera suivie, selon Sellal, d'une autre réunion entre le gouvernement et les partenaires sociaux et économiques pour « examiner les moyens de donner une nouvelle dynamique au développement économique et social ». S. B.