Il n'est jamais trop tard pour bien faire, dit-on. Ce n'est pas toujours vrai, mais dans le cas Algérie il est encore temps de redresser la barre si toutes les bonnes décisions sont prises et, surtout, mises en application. A l'amorce de la baisse des cours du pétrole, en juin 2014, on a vu quelques flottements à propos de la démarche à suivre. Il aura fallu attendre que la baisse devienne tendance et s'accentue jusqu'à impacter les recettes de l'Algérie pour qu'un début de panique se fasse sentir, mais sans qu'aucune réaction ne vienne toutefois pallier le recul de nos ressources financières. Le chef de l'Etat devra intervenir et réuni un mini conseil où il demandera qu'on serre de quelques crans la ceinture dans la gestion des budgets de l'Etat et le financement des projets, à l'exception de certains secteurs qui sont stratégiques sur le plan économique (les hydrocarbures et l'industrie productive) ou social (la santé, l'éducation, l'emploi et l'habitat). Dès lors, la rationalisation des dépenses devient le maître-mot de la politique gouvernementale. Des projets de second intérêt et importance sont mis en veilleuses. Parallèlement, quelques tours de vis sont opérés pour réduire les importations et, par la même, promouvoir le produit national, quand il est disponible. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, résumera la stratégie de son gouvernement lors de la réunion gouvernement-walis, samedi dernier, en déclarant que les priorités sont claires : optimiser les recettes du budget de l'Etat, soutenir les entreprises, faciliter l'investissement et encourager le secteur national productif. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. C'est peu de le dire. Car, si la recette est simple, sa concrétisation, elle, n'est pas aisée. Et M. Sellal est le premier à le reconnaitre, conscient qu'il est de la difficulté qu'ont de nombreux secteurs productifs à s'élever à des niveaux de qualité optimaux leur permettant de soutenir la concurrence étrangère tout en satisfaisant la demande locale. Le gouvernement prévoit une baisse de 9% des dépenses budgétaires de l'exercice 2016. C'est une économie appréciable, mais la question se pose sur les secteurs qui seront touchés par les coupes budgétaires pour réaliser ce 9%, équivalant à 800 milliards de dinars, sur des dépenses globales estimées en 2015 à plus de 7 500 milliards de dinars. Dans la loi de Finances complémentaire 2015, le gouvernement a fait baisser les dépenses de 100 milliards de dinars. Il reste donc à trouver 700 milliards de dinars, sans pour autant hypothéquer la dynamique qu'on entend enclencher pour booster l'activité productive, ce qui fait partie des priorités du gouvernement et du pays. Les coupes à opérer devront donc toucher des niches, des domaines, des institutions et des activités budgétivores pesant sur les finances de l'Etat sans rien produire. Il y a des économies à faire dans toutes ces manifestations culturelles et sportives dont l'intérêt et l'impact sont plus que discutables. Il y a également beaucoup d'argent à récupérer dans les différentes dépenses consenties dans le train de vie de l'Etat. Enfin, l'économie souterraine est un véritable bas de laine que l'Etat voudrait bien rattacher au Trésor public. Les détenteurs de fonds informels sont d'ailleurs sommés de rejoindre les circuits de l'activité légale en s'inscrivant au programme de déclaration de fonds libératoire adopté dans la LFC 2015 contre le paiement d'une taxe forfaitaire de 7%. Cette mesure vient s'ajouter à l'obligation de paiement par chèque de toute transaction commerciale dont le montant dépasse un million de dinars. Evidemment, toutes les décisions qui porteront restriction, baisse et régulation ne seront pas accueillies comme de bonnes nouvelles par tous. Il y aura même des grincements de dents et des critiques, voire des tentatives de sabordages. Le Premier ministre le sait et l'a clairement signifié en affirmant que toutes les décisions «pour relancer notre économie et absorber le choc pétrolier toucheront des habitudes, des vieux réflexes et des intérêts. Elles recevront, donc, des résistances plus au moins fortes. Mais notre principal allié dans ce combat futur sera la population si nous lui disons la vérité, lui expliquons notre démarche et si nous arrivons à gagner sa confiance». H. G.